Le président centrafricain Ange-Félix Patassé n’en doute pas une seconde. La France soutient son ancien chef d’état-major, François Bozizé. Mieux, ou pire, elle serait derrière les tentatives de coup d’Etat fomentés par l’ancien président André Kolingba. Quelques semaines après l’échec de la tentative du 28 mai dernier, en recevant les ambassadeurs européens, il avait remercié tous les pays qui l’ont aidé à surmonter la crise. Particulièrement l’ambassade de France qui a mis à sa disposition un vieux bus.
Depuis quelques jours la presse officielle monte au créneau pour fustiger la politique française. Selon cette même presse, le général français Pierre Job aurait rencontré au Tchad François Bozizé. Bangui laisse entendre que Paris a choisi le camp de l’ancien chef d’état-major. Malgré les démentis officiels de l’ambassadeur français en Centrafrique, Bangui persiste dans sa logique. Elle en veut pour preuve les liens que François Bozizé entretiendrait » avec certains milieux politiques français hostiles au régime de Bangui « .
C’est la présence d’un contingent libyen dans la capitale centrafricaine qui poserait problème. Le rapprochement du président Patassé avec le Guide libyen est » mal vu par deux capitales occidentales « , affirme un journaliste proche du président centrafricain. C’est sans doute le manque de reconnaissance de l’Occident qui pousse Bangui à durcir le ton envers ses opposants.
Si Patassé réaffirme à l’envi sa volonté de conciliation, il exclut catégoriquement toute amnistie. Au sommet de Libreville, s’il a accepté le report d’une présence militaire africaine sur son sol, il a rejeté par contre le départ des troupes envoyées par son » frère » Kadhafi. Le président centrafricain entend ainsi couper l’herbe sous le pied à ceux qui voulaient lui imposer la réconciliation avec François Bozizé et André Kolingba et avertir ces derniers qu’ils trouveront en face d’eux son allié de Tripoli.