Pays producteurs et pays consommateurs, réunis à Genève, n’ont pas réussi à trouver un accord de stabilisation des cours. Le prix cacao joue au yo-yo depuis la libéralisation de la filière.
Exportateurs et importateurs de cacao se sont réunis ce week-end à Genève afin de trouver une réponse concertée à l’augmentation de 50% en deux mois du prix de cacao. Mais les discussions, réunissant quelque 39 pays sous l’égide de la Conférence des Nations-Unies sur le commerce et le développement n’ont pas abouti à un accord de stabilisation des cours.
Il faudra faire vite. Les acteurs internationaux ont pourtant fixé un prochain round de négociations en novembre. L’accord mondial entre pays producteurs et consommateurs signé en 1993, expire en septembre.
La hausse des cours a trois raisons principales
D’abord, la baisse de la production en Afrique de l’Ouest et particulièrement en Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cette matière première, en raison de la crise économique résultant des tensions politiques et du gel des aides internationales. Au cours de l’année 2000, la production mondiale a baissé de 8%. Un plongeon de 205 000 tonnes par rapport à l’année 1999, qui se soldait sur un surplus de 91 000 tonnes.
Le syndrome de l’arroseur arrosé
Ensuite, la hausse de la demande mondiale s’est considérablement accélérée avec l’arrivée en force des ex-pays de l’Est et de l’Asie sur les marchés internationaux. « Dans le même temps, les coûts de production sont partis à la hausse », explique Mary Faherty de l’Organisation internationale du Cacao (ICCO).
Enfin, les stocks constitués qui maintenaient les prix vers le bas ont fini par fondre et les décideurs ivoiriens ne vont pas se précipiter, stylo en main, sur un accord cadre visant à stabiliser les prix. Difficile de bouder son plaisir lorsqu’on a été épinglé par la banque mondiale pour avoir annoncé une agence de régulation de café et de cacao quand les cours étaient à la baisse.
Les pays producteurs poussent à un accord cadre sur » l’économie durable du cacao » qui profiterait aux petits producteurs et aux compagnies nationales. Depuis que la libéralisation du marché est en cours sur injonction de la Banque mondiale, ils n’ont de cesse de dénoncer » la cartellisation » de la filière, aux mains des grands trusts étrangers comme l’Américain Cargill, ou le Suisse Barry-Callebaut.
Le 26 février, le gouvernement ivoirien a annoncé la mise en place d’une bourse du café et du cacao (BCC) à Abidjan. Une initiative visant à mettre fin « à la libéralisation anarchique de la filière », selon l’expression même du Président de la Représentation nationale des délégués des producteurs de café-cacao (RND), Henri Amouzou.