Le Soudan voulait le maintien de la mission de paix de l’Union africaine au Darfour, en proie à une guerre civile depuis 3 ans. A-t-il atteint son objectif en obtenant de la Ligue arabe qu’elle finance le coût d’une opération que l’UA ne peut plus supporter ? Un fardeau dont les Nations Unies sont prêtes à la décharger, ce que refuse Khartoum.
La Ligue arabe s’est dite prête, mardi, lors de son 18e sommet qui s’est tenue à Khartoum, à soutenir financièrement et matériellement la mission de la paix de l’Union africaine (UA) au Darfour. A condition que celle-ci prolonge son mandat de 6 mois à compter du 30 septembre prochain, date de la fin de ses engagements actuels. Le gouvernement de Khartoum, en obtenant cette promesse de ses pays amis, s’offre-t-il la possibilité de voir ses vœux exaucés ? A savoir le maintien de la mission de la paix de l’UA. Les Nations Unies ont adopté, à l’unanimité, le 24 mars dernier, une résolution qui prévoit le déploiement des casques bleus au Darfour. L’Union africaine est d’accord sur le principe, mais pas le gouvernement soudanais qui a émis comme condition du relèvement des forces africaines par l’Onu la signature d’un « accord entre le gouvernement et les mouvements rebelles du Darfour ».
Les populations du Darfour ont un besoin urgent de protection
La décision des Nations Unies fait notamment suite à l’incapacité matérielle de l’Union africaine d’assurer le maintien de ses 7 800 soldats au Darfour où elle assure une mission de paix depuis 2004. L’Onu a, par conséquent, estimé qu’il était nécessaire d’y déployer, dans l’intérêt des populations locales et afin de mieux assurer leur sécurité, une force plus conséquente en nombre et mieux équipée. Cependant, l’aide de la Ligue arabe ne devrait pas influer sur l’application de la résolution adoptée par les Nations Unies, si l’on s’en tient aux propos de Mary Okabe, la porte-parole adjointe du Secrétaire général de l’ONU qui indique que son organisation ne dispose, par ailleurs, d’aucune information officielle relative à l’engagement pris par la Ligue arabe. Elle a également rappelé que la préoccupation première du secrétaire général reste la protection des civils.
Le retour de la paix dans cette région, située à l’Ouest du Soudan, est devenu une urgence pour ces derniers. « Dans le Sud du Darfour, les milices continuent leurs opérations de nettoyage, village après village. Le gouvernement ne les a pas désarmées. Bien au contraire », a dénoncé, le 21 mars dernier, devant le Conseil de sécurité Jan Pronk, l’Envoyé de l’ONU pour le Soudan. Les milices arabes janjaouites terrorisent en effet les populations autochtones. Le conflit, qui oppose les fermiers noirs au gouvernement de Khartoum, a débuté en février 2003 et est à l’origine de la mort de 100 000 civils et du déplacement de plus de deux millions de personnes. A noter que le mandat du Groupe d’experts sur le Soudan, créé le 29 mars 2005, a été prorogé, mercredi, de 6 mois par le Conseil de sécurité. Tout comme, le 24 mars dernier, celui de la Mission des Nations unies au Soudan (MINUS) dont le terme est fixé au 24 septembre 2006.