Tunis et Tripoli tentent d’accélérer le processus de création d’une Union du Maghreb Arabe à la faveur de la visite d’Etat du président Ben Ali chez » le chef de la Grande Révolution du 1er septembre « .
La Libye et la Tunisie tenteraient-elles de s’imposer comme la locomotive de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) ? La décision de porter à 1 milliard de francs français leurs échanges commerciaux et créer une zone de libre échange, à l’issue de la visite d’Etat du président Ben Ali à Tripoli, semble l’attester.
En rappelant dans un communiqué conjoint daté du quatre juin » leur attachement à l’Union du Maghreb Arabe « , Zine Abidine Ben Ali et Mouhamar Khadafi ont envoyé un message clair à leurs homologues Algériens et Marocains afin qu’ils hâtent le pas vers un espace économique commun.
Crée en 1989, l’UMA, qui regroupe en outre le Maroc, l’Algérie et la Mauritanie est gelée depuis cinq ans du fait de divergences chroniques entre ses deux acteurs principaux, Rabat et Alger.
Télévision commune
Libyens et Tunisiens ont également annoncé la création de sociétés d’investissement, de production et d’exportation mixtes et appelé à la tenue d’un sommet maghrébin dans les délais les plus brefs. Les liaisons aériennes entre les deux pays (fermées pour cause d’embargo) vont être rétablies. Les deux chefs d’Etat ont par ailleurs, annoncé la création d’ une chaîne de télévision par satellite tuniso-libyenne.
A Tripoli, M Ben Ali s’est recueilli sur les tombes des victimes des bombardements américains de 1986 et s’est joint à son » frère » Mouhamar Khadafi pour demander une accélération du processus visant à instaurer une » Union Arabe « , permettant aux nations membres de se » mettre au diapason des mutations mondiales « .
Les songes panarabistes sont récurrents tant à Tunis qu’à Tripoli. Avec un bonheur inégal : en 1974, une très éphémère réunion des deux nations en une seule République expirait deux heures après avoir été annoncée, provoquant des années de tensions entre les deux régimes. En 1980 les deux pays furent à deux doigts d’entrer dans un conflit armé, quand 300 factieux tunisiens armés par Tripoli ont pris Gafsa en plein coeur du pays, et tinrent la ville durant plusieurs semaines.