Ba Cissoko, la Kora Rock


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Ba Cissoko dans ses oeuvres

Une pédale wah-wah, à la Jimmy Hendrix, sur une kora. Un son électrique, mais bien plus encore, le groupe de Ba Cissoko fait entrer la musique mandingue dans le troisième millénaire. Magistralement épaulé par deux de ses cousins, le jeune griot guinéen est l’auteur d’un remarquable disque : Sabolan. Portrait d’un génie du son.

Né à Kandara, en Guinée, voici trente cinq ans, Ba Cissoko a peu fréquenté l’école. Enfant, tandis que ses amis étaient sur les bancs, lui courait les rues cherchant une partie de foot. Un sport que les exploits continentaux répétés, à cette époque, des deux clubs phares de la capitale Conakry, le Hafia et le Horoya, avaient établi comme la voie d’avenir dont rêvait la grande majorité des gamins guinéens. Pour Ba, le songe ne dure pas longtemps. Son père craint que son rejeton finisse mal dans la rue. Il fait appel à son beau-frère, « le mari de sa soeur », comme on dit, là-bas, en français local. Ba lui est confié. Installé à Conakry, Mbady Kouyaté est directeur du Ballet national africain de Guinée. Homme à poigne, il est aussi et surtout le dernier grand maître vivant de la kora, cette harpe millénaire que tout djeli, griot mandingue, doit savoir manier.

Patchwork musical

Pendant deux ans, Ba suit son oncle, de village en village, avant de s’installer chez lui à Conakry. « Mbady, m’a tout appris. Tout ce qu’un griot doit connaître selon la tradition, je l’ai assimilé ». D’abord la kora. Ensuite l’histoire du peuple mandingue. Mais à dire vrai, Ba a peu de temps pour faire dans la tradition. Dès 1986, il joue dans les hôtels de Conakry. Puis en 1992, il rencontre Gilles Poizat, un trompettiste de jazz, alors coopérant français à Conakry. Il commence ses premières fusions. En 1995, sous le nom de Tamalou (voyageur) le duo se transforme en quatuor, avec basse et batterie. Le groupe s’installe entre Conakry et Marseille. Devenu « l’invité permanent » du festival des « Nuits Métis », Ba Cissoko est régulièrement sollicité pour d’autres expériences (Ray Lema, Dj Yvi Slan). Ses influences s’élargissent. A côté du jazz, le griot guinéen découvre la funk, le dub, les musiques sud-américaines, l’éléctro pop et le rock. De là il invente ce bouillonnant patchwork de sons qui désormais constitue sa spécialité.

Jimmy Hendrix et Alvin Lee

L’aventure de Tamalou s’étant arrêtée il y a trois ans, Ba est maintenant entouré de ses deux cousins, rejetons du grand-maître Mbady Kouyaté : l’aîné Kourou, 24 ans, est à la basse, et Sekou, le petit frère un surdoué de 17 ans, dont la kora branchée sur une pédale wah-wah produit quelque chose à mi-chemin entre Jimmy Hendrix et Alvin Lee. Il y a aussi Ibrahim Bah, un voisin de quartier. Discret, agile et efficace, ses frappes sur la calebasse donnent, tantôt l’illusion d’une machine, tantôt d’un vrai batteur.

Ba vient d’achever la première partie d’une tournée mondiale qui l’a mené en Algérie, en Lituanie, en Slovénie, en Allemagne, au Benelux, en Suisse et en Scandinavie. Après un concert mémorable le 23 avril dans la célèbre salle parisienne du New-Morning, suivi d’une invitation au Printemps de Bourges, il est attendu le 30 mai aux Musiques métisses d’Angoulême.

Produit par Marabi, le label de Christian Mousset, patron de ce festival, Sabolan, le premier disque de Ba Cissoko est sorti en décembre dernier. C’est l’une des attractions du moment dans la catégorie world.

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