La région berbère échappe au contrôle d’Alger. La quasi totalité des localités sont touchées par le vent de la rébellion. Les émeutes ont fait plus de 79 morts.
Communications coupées, villages encerclés par les forces de l’ordre, tirs, jets de pierres, bâtiments publics incendiés : la Kabylie vit au rythme de l’insurrection. Ce week-end, elle a gagné la quasi totalité des localités de la région berbère, faisant selon un bilan très provisoire, plus de soixante-dix-neuf morts dans des affrontements entre jeunes et forces de sécurité.
Les émeutes ont commencé la semaine dernière après la mort d’un jeune lycéen abattu le 18 avril dans un poste de gendarmerie. Elles ont gagné progressivement en intensité suivant le cercle vicieux manifestation/répression.
Appels au calme
Les appels au calme des principales formation politiques de Kabylie, le FFS et le RCD sont restés vains pour l’instant, même si une relative accalmie a été enregistrée depuis dimanche. La presse algérienne signale également des affrontements à Bejaïa, Aïne- El Hamman (où une femme aurait été tuée sur son balcon par une balle perdue), Benni Yeni où les forces de l’ordre auraient tiré à balles réelles.
Des affrontements ont été aussi signalés à Laarba, Setif, N’Aït Irathen,Maakas, Azazga, Tizi Rached, Boudjima, Boghni, Bouïra. Selon le Quotidien D’Oran, la gendarmerie aurait fait usage de fusils mitrailleurs pour disperser les émeutiers à Tiqobain, Laarbâ Nath, N’Aït Irathen et Mekla. Le même journal, citant des sources hospitalières, affirme que nombre de blessés ont été touchés par des balles explosives. Des combats auraient également eu lieu la nuit de dimanche à lundi dans la localité de Naciria.
L’arrestation du gendarme suspecté d’avoir abattu de sang-froid le lycéen n’a pas suffi à calmer les esprits. Le silence des autorités (seulement rompu par le ministre de l’Intérieur, Nourredine Zahouri qui rend responsable l’opposition du Front des Forces Socialistes – FFS), l’arrivée massive de renforts de gendarmes et des Compagnies Nationales de Sécurité (CNS), laisse craindre que les autorités ne s’enferment sur l’option du tout-repressif alors que les funérailles des victimes annoncent une période plus tendue encore.