La Haute Cour de Durban, en Afrique du Sud, a donné raison, ce jeudi, à 15 détenus séropositifs de la maison d’arrêt de Westville, à Durban, qui réclamaient l’accès gratuit aux antirétroviraux dont ils ont besoin de toute urgence. Cette victoire sur l’administration pénitentiaire sud-africaine met fin à un bras de fer entamé, en septembre dernier, à l’initiative d’Aids Law Project, un ONG sud-africaine de lutte contre le sida représentant les prisonniers.
C’est une belle victoire que la Haute Cour de Durban vient de concéder, ce jeudi, aux quinze détenus de la prison de Westville, à Durban, en procès contre l’administration pénitentiaire. Représentés par l’ONG sud-africaine de lutte contre le sida, Aids Law Project, ces malades, qui ont urgemment besoin d’un traitement, ont attaqué la maison d’arrêt qui leur refusait l’accès gratuit aux antirétroviraux. Le tribunal sud-africain a ainsi fait injonction aux autorités pénitentiaires de lever, sans délai, toutes les restrictions relatives à la fourniture de ces médicaments et de lui communiquer, d’ici le 7 juillet, dans une déclaration sous serment les mesures qu’elle aura prises dans ce sens.
Les faits remontent à septembre 2005, date à laquelle Aids Law Project, a été contacté par les prisonniers séropositifs. Plus de deux cent d’entre eux avaient d’ailleurs fait une grève de la faim de trois jours, en mars dernier, pour dénoncer leur situation ainsi que les conditions insalubres dans lesquelles ils vivaient. En dépit des promesses des autorités sud-africaines, ce mouvement n’a pas débouché sur un règlement à l’amiable. L’affaire est donc portée devant les tribunaux en mai par Aids Law Project.
Une décision qui pourrait faire jurisprudence
Selon la BBC, Treatment Action Campaign, une des plus importantes ONG qui milite pour l’accès au traitement en Afrique du Sud et qui a pris part à cette action judiciaire, estime que la mesure devrait être étendue à l’ensemble des prisons du pays. De fait, les autorités pénitentiaires sud-africaines, s’alignant sur la philosophie du ministère de la Santé, ne mettent a priori aucun traitement à la disposition des prisonniers.
Une situation que le Department of Correctional Services (la direction des services pénitenciers) a justifié, dans le cas des détenus de Westville, par le fait qu’elle ne disposait pas des ressources publiques susceptibles de lui permettre d’assurer une telle prise en charge et que les personnes concernées ne disposaient pas de pièce d’identité. Des arguments que viennent balayer la décision de justice qui fera certainement jurisprudence dans un pays où l’Etat n’assure la gratuité de l’accès aux ARV qu’à 50 000 séropositifs sur six millions.
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