Les premiers verdicts contre les chefs de guerre qui ont mis la Sierra Leone a feu et à sang, de 1991 à 2002, ont été prononcés mercredi. Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone a reconnu trois d’entre eux coupables de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Cinq procès sont encore en cours, dont celui de l’ex président libérien Charles Taylor.
Les victimes de la guerre civile sierra léonaise (1991-2002) ont entendu mercredi les premiers verdicts prononcés contre leurs bourreaux. Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL), créé en 2002 et qui siège essentiellement à Freetown, a déclaré trois anciens chefs rebelles coupables de crimes contre l’humanité. Alex Tamba Brima, Brima Bazzy Kamara et Santigie Borbor Kanu dirigeaient des groupes armés du Conseil révolutionnaire des forces armées de Sierra Leone (CFAR) et plaidaient non coupable. Ils auraient été soutenus dans leurs exactions et notamment lors de la prise de Freetown, en janvier 1999, par Charles Taylor. L’ex président libérien (1997-2003) comparaît devant la deuxième chambre du Tribunal, à La Haye, afin que son procès ne crée pas de remous en Sierra Leone et au Liberia.
Jugés depuis mars 2005, onze des quatorze chefs d’accusation qui pesaient sur les trois chefs du CFAR ont été retenus, parmi lesquels « actes de terrorisme, punition collective, extermination, meurtre, viol, atteinte à la dignité des personnes, violence physique, recours à des enfants soldats, esclavage et pillage », indique le communiqué de la Cour. Ils ont en revanche été déclarés non coupables d’« autres actes inhumains », « d’esclavage sexuel ou autre forme de violence sexuelle » et de « mariages forcés ». La peine sera prononcée le 16 juillet.
Douze inculpés depuis 2002
Outre les trois membres du CFAR et Charles Taylor, qui a indiqué qu’il refuserait de comparaître à La Haye, dénonçant un procès inéquitable, quatre autres suspects sont actuellement jugés ou en attente de verdict. Il s’agit de Issa Hassan Sesay et Morris Kallon Moinina, du Front uni révolutionnaire (RUF), et de Fofana et Allieu Kondewa, du Council defence force (CDF).
Le leader du CFAR, Johnny Paul Koroma, a été inculpé le 10 mars 2003 par le TSSL mais il n’a jamais été arrêté et a été déclaré mort, en juin 2003, au Liberia, dans des circonstances non élucidées. Les actions entreprises contre Foday Saybana Sankoh et Sam Bockarie, du (RUF), ont été abandonnées en décembre 2003 après leur décès. Le procès de l’ex ministre de l’Intérieur Sam Hinga Norman, membre du CDF, n’ira pas non plus au bout, après son décès le 22 février dernier.
Au contraire du Tribunal pénal international, le TSSL mêle droit international et droit national sierra léonais. La guerre civile dans ce pays d’Afrique de l’Ouest a fait entre 100 et 200 000 morts et causé la mutilation de milliers de personnes. A l’énoncé du verdict, indique l’AFP, la salle d’audience, où avaient pris place un certain nombre d’amputés de guerre, est restée silencieuse et calme.
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