Saisie par la famille d’un Kenyan détenu à Guantanamo Bay, à Cuba, la justice kenyane a estimé qu’il serait « vain » de sa part de rendre une ordonnance réclamant la présentation du suspect devant elle. Mohammed Abdulmalik, accusé d’avoir participé à un attentat mortel à Mombasa, en 2002, a été arrêté par la police kenyane en février 2007, « libéré » puis arrêté par des agents américains dans des circonstances troubles.
La Haute court de justice de Nairobi s’est déclarée incompétente, ce jeudi, pour traiter la requête déposée par la famille d’un présumé agent d’al-Qaïda, Mohammed Abdulmalik, actuellement détenu à Guantanao Bay, et visant à ce que ce dernier soit présenté devant une juridiction locale. « Ce tribunal sera dans l’impossibilité de rendre des ordonnances pour la production du sujet, car une telle ordonnance serait vaine », a expliqué le juge Jacton Ojwang. Il a ajouté que la police, n’ayant aucun contrôle sur le suspect, ne serait même pas en mesure de se conformer à une telle ordonnance, et que la demande de la famille resterait donc en suspend.
« Le succès dans la guerre contre le terrorisme exige de travailler dans le secret »
Mohammed Abdulmalik est accusé d’avoir participé à un attentat à la voiture piégée contre un hôtel de Mombasa fréquenté par des touristes israéliens, le 28 novembre 2002, où 15 personnes avaient été tuées. Il aurait également pris part, quelques heures plus tôt, à l’attaque au missile ratée contre un avion de ligne de la compagnie aérienne charter israélienne Arkia. Au début de l’année, la police kenyane avait déclaré au tribunal avoir arrêté le suspect, le 13 février, à Mombasa, avant de le libérer 14 jours plus tard. Les autorités américaines avaient annoncé le mois suivant qu’il avait été transféré aux Etats-Unis et envoyé au centre de détention de Guantanamo, à Cuba, où les présumés terroristes islamistes sont retenus contre toute légalité.
Bryan Whitman, un porte-parole du Pentagone, avait expliqué que Mohammed Abdulmalik, « capturé dans le cadre de la bataille contre Al-Qaïda », avait admis sa participation aux deux attaques qui lui sont reprochées. Sur les circonstances de son arrestation : « Le succès dans la guerre contre le terrorisme exige de travailler étroitement mais aussi en secret avec nombre de nos alliés dans la région », avait-il répondu.
A l’époque, la justice kenyane avait estimé que les droits du suspect avaient été violés et il avait recommandé qu’une loi soit promulguée pour réglementer « l’exercice du pouvoir discrétionnaire de placer les Kenyans au dessus de la compétence des tribunaux locaux ». Tirant les conclusions de cette affaire, la Haute court de justice de Nairobi a précisé jeudi qu’« il sera essentiel de compléter les principes régissant l’extradition en droit international ».
Néanmoins, il a décliné toute possibilité d’ordonner au ministre kenyan de la Sécurité intérieure, John Michuki, et au chef de la Police anti-terrorisme, Nicholas Kamwende, de témoigner devant un tribunal et de produire des procès-verbaux de toute correspondance entre le Kenya et les Etats-Unis à propos de Mohammed Abdulmalik.