Les audiences de la cour d’assises commencent ce mercredi. La cérémonie d’ouverture s’était déroulée lundi, dans l’enceinte de la cour d’appel de Conakry, sous la présidence du premier ministre Jean Marie Doré. Cent-quinze affaires devront être examinées, dont quatre portant sur les trafics de drogue. Un test capital pour la justice en Guinée, dont l’indépendance a été durement malmenée.
Notre correspondant en Guinée
Avant de commencer la cérémonie d’ouverture, lundi, le premier président de la cour d’appel a demandé à toutes les personnes présentes de se décoiffer dans la salle à l’exception des femmes, et des services de sécurité. Puis, il a demandé au greffier de présenter le programme de la cérémonie.
Après lui, la parole a été donnée à Paul Mastrazi Fofana, le procureur général près la Cour d’appel de Conakry pour son réquisitoire. Il a rappelé que ce sont quelque 115 affaires qui seront examinées, dont quatre portant sur le narcotrafic.
Au regard de la passion qui entoure les dossiers des présumés narcotrafiquants, le procureur général près la cour d’appel a prévenu que les procès qui s’ouvriront ne devront nullement tourner au règlement de compte politique, mais être des procès de droit commun dirigés selon les règles de l’art. Dans son exposé qu’il a laborieusement rendu, Paul Mastrazi Fofana a insisté sur le respect de la présomption d’innocence.
Seulement parlant des présumés narcotrafiquants, le procureur général s’est trompé quand il a affirmé dans son discours que les normes juridiques relatives à ces détentions provisoires ont été jusque-là observées.
Pour que les autorités politiques respectent la justice
Une erreur que le bâtonnier de l’ordre des avocats, Mohamed Sampil, a immédiatement signalée. Dans cette logique, il a dénoncé les vices de forme et de procédure. Notamment pendant les interpellations et les gardes à vue, la détention provisoire des présumés narcotrafiquants.
Par ailleurs, le bâtonnier de l’ordre des avocats a également fustigé l’interpellation des magistrats à propos de leur décision de justice, par les autorités politiques. Me Sampil fait ainsi allusion au ministre en charge des services spéciaux et de la lutte anti-drogue, Moussa Tiègboro Camara, qui a eu récemment des ennuis avec certains magistrats dont le président de la cour d’appel, Doura Cherif, qui dirige la présente cour d’assise. C’était à propos des dossiers de faux médicaments dans lesquels sont accusés des Chinois.
Comme le bâtonnier de l’ordre des avocats, le procureur général, le président de la cour d’appel, Doura Chérif, a lui aussi mis en relief le respect de la présomption d’innocence.
Il a demandé au Premier ministre de travailler à renforcer l’indépendance de la justice et l’application du statut de la magistrature. La comparution des accusés a démarré ce mercredi.
A Conakry, pour nombre de Guinéens, l’ouverture des travaux de cette cour d’assise est un test pour le gouvernement de transition.