Le juge d’exécution du tribunal de grande instance de Paris a refusé, mardi, d’ordonner la mainlevée des saisies de neuf comptes bancaires appartenant au président Omar Bongo Ondimba. Ces comptes, domiciliés à la BNP-Paribas et au Crédit Lyonnais, en France, avaient été bloqués en février après une décision de la cour d’appel de Bordeaux. A Monaco, dans « l’affaire des biens mal acquis », une enquête judiciaire ordonnée par la justice de la principauté révèle l’existence de deux comptes au nom de la défunte première dame du Gabon, Edith Bongo. Mais aucune infraction de la loi n’a été constatée.
Voila une décision qui va troubler le repos qu’est allé chercher Omar Bongo Ondimba a Barcelone (Espagne), en suspendant provisoirement ses activités de chef d’Etat. Un repos pour, dit-on, se remettre des dures épreuves qu’il a traversées ces derniers mois. Le juge d’exécution du tribunal de grande instance de Paris a refusé, mardi, d’ordonner la mainlevée des saisies pratiquées sur ses neuf comptes bancaires domiciliés en France à la BNP-Paribas et au Crédit Lyonnais. Cette décision intervient deux semaines après celle de la doyenne des juges du pôle financier de Paris qui avait ordonné l’ouverture d’une enquête sur des biens qu’Omar Bongo Ondimba et deux de ses homologues d’Afrique centrale auraient acquis dans l’hexagone avec de l’argent public détourné.
Sur les comptes concernés par cette nouvelle décision de la justice française, un peu plus de 4 millions d’euros soit 2,721 milliards de francs CFA ont été déposés. Ce montant a été bloqué le 13 février en application d’un arrêt de la cour d’appel de Bordeaux et sur requête d’un huissier dans ce qu’il convient d’appeler « l’affaire Cardona ».
Bongo doit un peu plus d’un million d’euros aux Cardona
L’histoire remonte à douze ans. En 1996, Omar Bongo avait fait incarcérer dans une prison, à Libreville, Réné Cardona, un industriel français, suite à un différend. Il avait exigé de celui-ci le versement de 3 millions de francs français (300 millions de Fcfa) en échange de sa liberté. Car, avait fulminé le président gabonais, le Français lui avait cédé une pêcherie qu’il savait non rentable. Après une plainte du fils dudit industriel, la cour d’appel de Bordeaux a condamné, en septembre 2008, le président gabonais à restituer à la famille Cardonna le montant qu’il avait encaissé. Omar Bongo refuse. Cette somme s’est entre temps alourdie des intérêts générés par les retards de paiement. Désormais, le président gabonais doit une coquette somme – un peu plus d’un million d’euros – aux Cardona.
« Pour échapper au paiement de sa dette, rapporte ce mercredi le quotidien français Sud-Ouest, Omar Bongo a proposé de consigner cette somme à titre de garantie entre les mains de son avocat, Me Meyer, dans l’attente du résultat des actions judiciaires en cours au Gabon. » Selon le journal français, la stratégie d’Omar Bongo consiste à faire croire aux magistrats français que Réné Cardona lui avait promis un dédommagement pour lui avoir vendu « un bateau en piteux état ». Seulement, ses avocats peineraient à fournir des preuves.
Deux comptes légaux appartiennent à feue Edith Bongo à Monaco, selon la justice
Entre cette affaire et celle des « biens mal acquis » dont le président gabonais a du mal à se défaire, un brin de soulagement vient de Monaco. A la demande de l’association Sherpa, la justice de la principauté avait décidé d’ouvrir, fin mars, une enquête sur des comptes bancaires qui auraient été ouverts au nom de la défunte première dame du Gabon, Edith Lucie Bongo, et provisionnés par des fonds détournés par Omar Bongo et son homologue et beau-père Denis Sassou Nguesso du Congo.
La justice monégasque a indiqué, lundi, que ses prospections ont révélé l’existence de deux comptes bancaires au nom d’Edith Bongo, mais qu’aucune infraction pénale au regard de la loi monégasque n’a été constatée. Selon les juges de Monaco, les deux comptes ont été ouverts il y a plus de dix ans et avaient été approvisionnés pour un peu plus de deux millions d’euros. Ils affirment qu’ils n’ont relevé aucune infraction à la loi de la principauté.
Si le président gabonais semble bien s’en sortir à Monaco, en France l’étau se resserre sur lui avec ce refus du juge d’exécution du tribunal de Paris de lever le blocage de ses comptes. Même si Omar Bongo Ondimba, comme il en a tout à fait le droit, fait appel de cette décision, il ne fera vraisemblablement que remettre le paiement de l’addition à plus tard.