Malgré des défis persistants tels que la corruption et le chômage, la jeunesse africaine continue d’afficher un optimisme résolu pour l’avenir. Le Rapport 2024 sur la Jeunesse Africaine, publié par la Ichikowitz Family Foundation, dresse un portrait détaillé de cette génération, qui, tout en étant consciente des obstacles, se montre déterminée à façonner un avenir meilleur pour le continent.
Le Rapport 2024 sur la Jeunesse Africaine, publié par la Ichikowitz Family Foundation, offre une analyse détaillée des perspectives, des aspirations et des préoccupations de la jeunesse africaine. Ce document, basé sur une enquête menée auprès de 5 604 jeunes âgés de 18 à 24 ans dans 16 pays africains, révèle les défis et les opportunités auxquels cette génération est confrontée. Le rapport met en lumière un mélange d’optimisme et de frustration, où la résilience face aux difficultés socio-économiques coexiste avec une forte volonté de changement.
Un optimisme sous pression
Le rapport montre que, malgré un contexte difficile, 37 % des jeunes Africains pensent que l’Afrique progresse dans la bonne direction, une augmentation par rapport aux 31 % de 2022. Cet optimisme peut sembler paradoxal, étant donné que la pandémie de COVID-19 a exacerbé de nombreux problèmes économiques, tels que le chômage, qui atteint des niveaux critiques dans de nombreux pays. Cependant, les jeunes continuent de croire en un avenir meilleur pour l’Afrique, même s’ils sont conscients des obstacles à surmonter.
L’optimisme des jeunes Africains est particulièrement prononcé dans des pays comme le Rwanda, la Côte d’Ivoire, et la Tanzanie, où des réformes économiques et des initiatives de développement ont généré des améliorations visibles dans les conditions de vie. Le rapport souligne que ces pays bénéficient de gouvernements perçus comme relativement stables et engagés dans des réformes proactives, ce qui renforce la confiance des jeunes dans l’avenir.
Toutefois, le rapport ne masque pas les inquiétudes. Un tiers des jeunes interrogés expriment des préoccupations liées à la pauvreté persistante, à la corruption et à l’instabilité politique. Ces facteurs continuent d’éroder les gains économiques réalisés, créant un sentiment de frustration et d’impatience chez ceux qui voient leurs aspirations entravées par des systèmes défaillants.
La corruption : un fléau qui favorise l’émigration
La corruption reste un des plus grands défis pour le développement de l’Afrique, et cela se reflète fortement dans les réponses des jeunes interrogés. En 2024, 23 % des jeunes Africains considèrent la réduction de la corruption gouvernementale comme le levier le plus important pour accélérer le développement du continent. Ce pourcentage, en légère hausse par rapport à 2022, témoigne de l’importance croissante de cette question dans l’esprit des jeunes.
Le rapport met en évidence que « la corruption reste un défi majeur, et son impact est particulièrement ressenti par les jeunes, qui voient en elle un obstacle à la réalisation de leurs aspirations ». Cette perception est particulièrement aiguë au Kenya, au Nigeria et en RDC, où la corruption est systémique et profondément enracinée dans la structure de l’État. Pour ces jeunes, la corruption ne se limite pas à des pertes économiques, mais représente un véritable frein à leur développement personnel et professionnel.
Un aspect préoccupant que le rapport souligne est que cette situation pousse de nombreux jeunes à envisager de quitter le continent. En effet, la recherche d’opportunités dans des environnements moins corrompus devient une option de plus en plus attrayante pour ceux qui voient leurs talents et leur potentiel gâchés par des systèmes injustes. Le rapport note que « la fuite des talents, exacerbée par la corruption endémique, constitue une menace sérieuse pour l’avenir du continent, car elle prive l’Afrique de sa ressource la plus précieuse : sa jeunesse ».
L’engagement envers l’environnement et la technologie
Outre la corruption, les jeunes Africains se montrent également très préoccupés par les questions environnementales. Près de 80 % des jeunes interrogés estiment que leurs gouvernements doivent intensifier leurs efforts pour lutter contre le changement climatique et promouvoir les énergies renouvelables. Cette prise de conscience croissante est révélatrice d’une génération qui ne se contente plus d’attendre des solutions, mais qui exige des actions concrètes et immédiates.
Le rapport indique que « les jeunes Africains sont non seulement conscients des défis environnementaux, mais ils exigent également des actions concrètes pour garantir un avenir durable ». Cette génération, qui grandit dans un contexte de crises climatiques de plus en plus fréquentes, voit l’inaction comme une menace directe à sa survie et à son bien-être futur. Les catastrophes climatiques récentes, telles que les inondations en Afrique de l’Ouest ou les sécheresses en Afrique de l’Est, ont renforcé cette conscience et ont fait de la lutte contre le changement climatique une priorité pour beaucoup.
Sur le plan technologique, les jeunes Africains sont massivement connectés et considèrent la technologie comme un outil clé pour surmonter les défis du continent. Deux tiers d’entre eux utilisent un smartphone pendant plus de trois heures par jour, et une majorité considère l’accès à Internet comme un droit fondamental. Toutefois, cette connexion accrue s’accompagne de préoccupations sur la propagation de fausses informations, un problème que les jeunes souhaitent voir traité par des régulations plus strictes.
Un engagement civique et politique
Un autre aspect important du rapport est l’engagement civique et politique des jeunes Africains. Près de 40 % des jeunes interrogés déclarent être activement impliqués dans des initiatives communautaires ou des mouvements sociaux. Cet engagement témoigne d’une volonté de participer directement au changement, plutôt que de se contenter d’attendre des actions de la part des gouvernements.
L’augmentation de la participation politique des jeunes est particulièrement notable dans des pays comme l’Afrique du Sud, le Nigeria et le Ghana, où des mouvements dirigés par des jeunes ont récemment joué un rôle crucial dans la défense des droits humains et la lutte contre les abus de pouvoir. Le rapport souligne que cette dynamique pourrait transformer la scène politique africaine dans les années à venir, avec une jeunesse plus informée, plus connectée et plus déterminée à faire entendre sa voix. L’exemple plus récent du Kenya renforce ce constat.
Une génération à la croisée des chemins
Le Rapport 2024 sur la Jeunesse Africaine peint le portrait d’une génération à la croisée des chemins. Optimiste quant à l’avenir, mais profondément consciente des défis à surmonter, cette jeunesse représente un potentiel immense pour le continent. Cependant, pour que ce potentiel se réalise pleinement, des réformes profondes sont nécessaires, notamment dans la lutte contre la corruption, la promotion de l’environnement et l’amélioration de l’accès aux technologies.
Avec un engagement croissant dans la vie civique et politique, les jeunes Africains sont prêts à prendre les rênes du changement. Le rapport conclut que « la jeunesse africaine, malgré les obstacles, est résolue à construire un avenir meilleur pour elle-même et pour les générations à venir ».