La Guyane, entre or vert et or jaune


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Le projet Cambior au milieu du Parc Naturel

La société canadienne Exploration Tom Inc. a signé, le 11 mai dernier, une lettre d’intention qui lui permettra d’obtenir les droits exclusifs d’exploitation d’un dépôt alluvial sur une propriété de 14.45 km2 au Guyana.

Un projet similaire et très controversé a été refusé, en Guyane française, à une autre multinationale canadienne, la Société Cambior, le 12 Octobre 2006, par le Ministère de l’Écologie sur la base d’un rapport de l’Inspection Générale de l’Environnement et du Conseil Général des mines. Cette exploitation qui devait être implantée au Camp Caïman à deux pas des Marais de Kaw (zone protégée où l’on trouve encore des caïmans noirs), avait suscité beaucoup d’animosité auprès des associations de protection de l’environnement et des populations locales.

Situé à 45 km de Cayenne, sur la montagne de Kaw, le site de Camp Caïman est en effet l’un des sites de Guyane dont la valeur écologique et biologique est la plus élevée. Il abrite, selon l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), 700 espèces de végétaux, dont 18 endémiques, près de 100 espèces de mammifères et 254 espèces d’oiseaux, sans compter des milliers d’insectes. Ainsi, outre les risques très élevés liés à l’utilisation de produits nocifs comme le cyanure ou le nitrate de plomb, la réalisation du projet aurait représenté une menace pour un patrimoine biologique exceptionnel, souligne le Comité français de l’UICN.

La signature d’un accord de la société canadienne Exploration Tom Inc. avec les autorités du Guyana confirme l’intérêt que suscite le plateau des Guyanes avec toutes ses richesses aurifères et minérales. D’autre part, la Société Cambior n’a pas renoncé à ses ambitions sur le site du Camp Caïman (voir documents joints). Une nouvelle ruée vers l’or démarre donc dans la région. Là où certains projets environnementaux comme le Parc Naturel Régional de la Guyane ont vu se succéder plusieurs gouvernements avant de voir le jour, il suffit de quelques mois de négociations à certaines multinationales pour obtenir gain de cause, au grand dam de la faune et de la flore.

Entre exploitations clandestines et exploitations légales, très polluantes en zone dites protégées, les Guyanes n’ont pas fini de faire parler d’elles. À l’heure des grands débats sur le réchauffement climatique et la protection de l’environnement, c’est un avertissement non négligeable pour la forêt amazonienne et ses quelques amérindiens qui ont encore des terres saines.

Par Jean -Marie Miny Lehacaut

 

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