Sous la férule d’un réalisateur français, » Circus Baobab », un cirque Guinéen fait sa tournée du globe. Afrik.com est allé leur rendre visite, profitant d’une halte à Paris. Interview.
Née du fantasme et de la ténacité d’un réalisateur de documentaires Laurent Chevallier, le Circus Baobab continue sa route. Après une tournée dans toute le Guinée, l’arbre a planté ses racines en France pour quelques mois. Après un gros succès à Paris, le Sud attend les jeunes acrobates. Afrik.com a rencontré cette drôle de troupe à l’école du cirque Annie Fratellini à Paris.
Ils sont allongés sur les tapis de répétition rembourrés, certains dorment, d’autres chahutent. Quelques rires résonnent sous le chapiteau. C’est l’heure de la pause, et la petite troupe du Circus Baobab récupère. Deux années de travail derrière eux, des milliers d’heures de répétition, dans le but unique de devenir des acrobates accomplis. » Il a fallu leur donner la force « raconte l’un des entraîneurs. Avec son collègue, ils sont tous les deux karatékas de formation, et ont puisé dans leur Art pour former les muscles et le caractère des jeunes guinéens.
Treize garçons et six filles s’entraînent ensemble. Ils ont entre 12 et 22 ans, et l’entente parfaite règne. Ils sont unanimes à ce sujet : pas de disputes, pas de tensions. » Ils sont gentils, ils nous respectent « dit le choeur des filles à propos des garçons, majoritaires. Ainsi, les plus grands coachent les plus petits, les plus forts entraînent les filles. Repérés dans le ballet national guinéen ou en train de faire des galipettes sur la plage, ils se sont embarqués dans l’aventure du baobab.
Destins croisés
De l’expérimenté joueur de flûte traditionnelle qui travaille en orfèvre depuis un quart de siècle au jeune percussionniste, quinze printemps, et déjà trois années de pratique au bout des doigts, trois générations se côtoient. Et puis il y a le chef : le lieutenant Kabiné Traoré. A 60 ans, il a les tempes grisonnantes, mais l’allure et la musculature d’un véritable athlète. D’un sourire lumineux, il demande qu’on ne se moque pas de son mauvais français. Mais l’homme inspire le respect. Il raconte sa vie au service de la Guinée, puis sa carrière de danseur dans les Ballets de l’armée, puis dans le Ballet Djoliba – le ballet national. Il raconte son histoire d’amitié avec Laurent Chevallier, l’homme tombé amoureux fou de la Guinée, au point de lui offrir un cirque.
Car le Circus Baobab est la première compagnie de cirque fondée en Guinée. Laurent Chevallier a remué ciel et terre pour trouver les subventions nécessaires, et finit par fonder une école d’art acrobatique à Conakry. Avec un compère de choix, Pierrot Bidon – fondateur du cirque Archaos – il fait venir des acrobates français qui vont apprendre aux enfants le jonglage, le trampoline et surtout le trapèze, jusqu’alors inconnu dans le pays. L’idée principale : construire un énorme baobab, qui servira à accrocher les trapèzes et sur les branches duquel les acrobates pourront faire leurs numéros.
La troupe part le 1er mars 2000 en tournée à travers la Guinée, et les jeunes » qui savent voler « éblouissent les populations. De Tamagaly à N’Zérékoré, en passant par Fouta-Djalon et Kankan, l’émerveillement est le même : » Les gens venaient nous voir, nous demandaient comment on faisait « . Puis c’est la France : » on avait hâte de voir Paris « . De Paris, ils n’ont eu le temps que d’apercevoir la pointe de la Tour Eiffel, mais qu’importe : » La France c’est bien « .
Bientôt, ils retrouveront leur Guinée natale, forts de tout ce qu’ils auront appris au Circus Baobab. Tous veulent rester acrobates, la plupart -surtout les filles- rêvent de devenir professeurs d’acrobatie sur leur terre natale. Inch’Allah. Espiègles et souples, les acrobates sont déjà repartis d’un coup de hanche à leurs roulades et à leurs voltiges.
Retrouvez notre reportage filmé sur Circus Baobab dans le T d’Afrik du 7 juillet