Difficile, quand on regarde l’histoire, de ne pas se dire que les pires guerres n’ont jamais été justifiées, qu’elles ont toujours été déclarées pour satisfaire la vanité de quelques hommes, pour flatter leur ego. Napoléon contre l’Europe coalisée, Hitler contre le monde entier, mégalomanie galopante et jouissance absurde de celui qui envoie à la boucherie des milliers d’hommes.
Tellement de chefs d’Etat furent ainsi persuadés que c’est agir soi-même en héros ou en stratège que de désigner un objectif de conquête et de dire en le pointant du doigt : il nous le faut coûte que coûte, vous avez entendu mon général ? Et le général interpellé, coûte que coûte, fera tuer tous ses hommes pour prouver au chef mégalomane qu’il avait raison de lui confier cette tâche…
Triste destinée que celle de Xerxès, souverain de l’immense Perse, vaincu face aux petits Grecs coalisés, triste histoire que celle de la Retraite de Russie, qui saigna la France à blanc de sa jeunesse, triste tragédie que celle d’Hannibal, dont les éléphants avaient pourtant franchi les Alpes… Reflux des troupes de Saddam Hussein entrées au Koweit face à une coalition générale. Tristes épopées sanglantes où la volonté de puissance provoque des hécatombes. Parce que les victoires les plus larges, pas plus que les défaites, ne sont éternelles : rien de ce qui est humain n’est définitivement établi…
L’humanité survit, à chaque fois un peu plus résolue à instaurer la paix entre les nations et à brider les orgueils démesurés. Le Secrétaire général de l’ONU vient de le rappeler : c’est dans le cadre de ces institutions internationales reconnues que l’action militaire est légitime. Sans exception. Quelles que soient les amertumes, quels que soient les appétits, les intérêts. Toute intervention militaire qui n’est pas étroitement justifiée par un mandat des Nations Unies est dangereuse pour l’équilibre mondial et condamne son auteur, à brève ou moyenne échéance.
Pourquoi la guerre ? Parce que l’histoire n’est pas lue, comprise, écoutée. Parce que les hommes sont d’orgueil avant d’être de tolérance. Parce que l’amour propre est premier. Tout cela impose une pédagogie permanente de la paix. Elle est urgente et précieuse.