La guerre des tomates s’intensifie entre le Maroc et la France


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Tomates
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Les tensions commerciales entre le Maroc et la France augmentent, notamment autour de la tomate marocaine, surtout la tomate cerise, qui suscite des critiques des producteurs français. En réponse, Khalid Saïdi, président de l’APEFEL, a dénoncé les accusations comme « fallacieuses » et de « désinformation », réfutant les allégations contre les producteurs marocains.

Les relations commerciales entre le Maroc et la France, particulièrement dans le secteur des produits agricoles, connaissent une montée de tensions. Ces dernières semaines, la tomate marocaine, et plus particulièrement la tomate cerise, s’est retrouvée au cœur de débats en France, alimentant des critiques de la part des producteurs locaux. En réponse à ces accusations, Khalid Saïdi, président de l’APEFEL (Association des Producteurs et Exportateurs de Fruits et Légumes du Maroc), a vivement réagi, qualifiant les allégations formulées à l’encontre des producteurs marocains de « fallacieuses » et de « désinformation ».

Suspension totale des exportations de tomates marocaines

Selon Saïdi, aucune discussion formelle n’a eu lieu avec les organisations agricoles françaises sur l’idée d’interrompre les exportations marocaines à une période précise de l’année. Il insiste sur le fait que ces propositions vont à l’encontre des usages commerciaux, des engagements internationaux du Maroc et des principes de la libre concurrence. « Nous n’avons jamais validé une telle idée », a-t-il déclaré. Toutefois, des échanges ont bien eu lieu entre les producteurs marocains et leurs homologues français, mais ils portaient uniquement sur des aspects techniques, notamment le partage d’informations sur les superficies cultivées, les prévisions d’exportations ou la lutte contre les maladies phytosanitaires.

Le principal point de friction reste la proposition de certains producteurs français d’une suspension totale des exportations de tomates marocaines entre avril et octobre, une idée jugée « inadmissible » par Saïdi. Selon lui, une telle mesure relève des prérogatives des États et dépasse les capacités des organisations professionnelles. Le président de l’APEFEL a exprimé sa surprise de voir dans les médias l’annonce d’un accord prétendu sur cette question, qui serait signé lors du prochain Salon de l’Agriculture de Meknès. Il a souligné que cette situation semblait absurde et qu’un tel accord serait en contradiction avec les accords de libre-échange entre le Maroc et l’Union européenne, ainsi qu’avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce.

Déficit commercial de 10 milliards d’euros vis-à-vis de l’UE

Saïdi a également fait valoir que restreindre les exportations marocaines nuirait directement au pouvoir d’achat des consommateurs français. La tomate marocaine, en particulier, est très appréciée pour sa qualité et ses prix compétitifs. Il a rappelé qu’avec un déficit commercial de 10 milliards d’euros vis-à-vis de l’Union européenne, les exportations de tomates marocaines ne représentent qu’une fraction de ce déficit, soit environ un milliard d’euros, tout en soutenant environ 120 000 emplois directs et des centaines de milliers d’emplois indirects au Maroc.

Le débat autour de la tomate marocaine, notamment la tomate cerise, prend de l’ampleur en raison des différences de coûts de production. En France, le coût horaire de la main-d’œuvre s’élève à 14 euros, tandis qu’au Maroc, il est de seulement 1 euro. Cet écart crée un avantage compétitif considérable pour les producteurs marocains, qui peuvent proposer leurs produits à des prix défiant toute concurrence. En effet, une barquette de 250 grammes de tomate cerise marocaine peut être trouvée à 99 centimes d’euros, alors que le coût de production d’une telle barquette en France est similaire, voire plus élevé. Les producteurs français, bien que parvenant à vendre leurs tomates à 1,29 € la barquette, peinent à sensibiliser les consommateurs sur l’origine de leurs produits, ce qui complique encore la situation.

Rééquilibrage saisonnier des importations réclamé

Cette situation a été exacerbée par la présence du Maroc en tant qu’invité d’honneur au Salon de l’Agriculture, événement clé pour les producteurs français. Pour beaucoup, cette mise en avant de la tomate marocaine est perçue comme une provocation, notamment de la part de certains producteurs français, comme le directeur de Rougeline, qui déclare qu’il ne s’agit pas de stigmatiser le Maroc, mais que cette situation crée un malaise au sein de la filière française.

Face à ce climat tendu, les producteurs français appellent à une révision de l’accord de libre-échange signé en 2012 entre le Maroc et l’Union européenne. Ils réclament un « rééquilibrage saisonnier des importations » afin de respecter l’esprit initial de l’accord, qui visait à assurer une complémentarité entre les productions françaises et marocaines, et non une concurrence déloyale pendant la saison de production locale.

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Je suis passionné de l’actualité autour des pays d’Afrique du Nord ainsi que leurs relations avec des États de l’Union Européenne.
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