La guerre des appelés en Algérie


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La Trahison de Philippe Faucon est l’adaptation du livre éponyme d’un ancien appelé pendant la guerre d’Algérie. En 1960, dans une petite garnison aux portes du désert algérien, la tension et la méfiance s’installent entre un jeune lieutenant français et quatre de ses recrues de « souche nord-africaine »… Le film sort mercredi sur les écrans français.

Algérie, mars 1960. La guerre d’indépendance dure depuis 6 ans déjà. Le jeune lieutenant Roque commande un poste isolé dans le sud-est du pays. Il a une trentaine d’appelés sous ses ordres, dont quatre « musulmans ». Parmi eux, le caporal Taïeb, qui lui sert d’interprète et avec lequel il semble avoir établi une relation de confiance. Pourtant, Taïeb et les trois autres recrues de « souche nord-africaine » comme on disait à l’époque, sont soupçonnés d’entretenir des rapports secrets avec le Front de libération nationale. La méfiance s’installe alors dans le petit camp, pourrissant toutes les relations…

C’est l’histoire de La Trahison, film tiré du livre éponyme de Claude Sales qui y raconte son expérience d’aspirant puis de sous-lieutenant dans les hauts-plateaux algériens de juin 1958 à décembre 1959. L’ancien soldat a mis 40 ans pour coucher ses souvenirs sur le papier. « Quand on revenait après 28 ou 30 mois de service militaire, on voulait oublier, ou tenter d’oublier. On voulait reprendre une vie normale. Il y a eu une sorte d’autocensure », explique-t-il. Sans doute n’aurais-je pas écrit ce livre s’il n’y avait pas eu la guerre civile algérienne, dont les images m’ont tout d’un coup rappelé la guerre ancienne. Je me souviens d’une réflexion de Taïeb, rapportée dans le livre : ‘Vous, les Français, vous perdrez. Mais la guerre continuera, entre nous’. »

Document pédagogique

Le livre de Claude Sales sort en 1999 et interpelle immédiatement Philippe Faucon. Celui-ci est né en 1958 à Oujda, au Maroc, à une quarantaine de kilomètres de Maghnia, en Algérie, la ville natale de sa mère. La famille passe les derniers mois de la guerre d’indépendance à Alger et le réalisateur avoue que, « bien que très petit, j’ai l’impression d’avoir le souvenir de la tension, de la peur qui régnaient. » Le film est entièrement tourné en Algérie à l’automne 2004, dans le cadre magnifique du village d’El Hamel, près de Bousaada (300 km au sud d’Alger). Philippe Faucon a réuni sur le tournage des acteurs confirmés, comme Vincent Martinez (qui joue Roque), et des débutants comme Ahmed Berrhama (Taïeb), engagé au départ comme chauffeur de la production.

Malgré toutes ces bonnes volontés, le film manque de souffle. Il est peu convaincant, du fait surtout d’un scénario souvent très simpliste. Il évoque, mais sans les approfondir, des thèmes tels que la torture, la propagande diffusée des deux côtés, la pression psychologique exercée sur les populations… Le film traite surtout des relations humaines en temps de guerre et du dilemme vécu par les appelés musulmans, tiraillés entre leur fibre nationaliste et le respect qu’ils doivent à la France… C’est pourquoi l’Agence Cinéma Education a mis en place, en collaboration avec Pyramide Films et avec le soutien de l’Association des professeurs d’Histoire-Géographie, une série d’actions pédagogiques autour du film. La Trahison « permet de réfléchir avec les élèves aux aspects quotidiens et humains de la guerre d’Algérie, du côté des appelés du contingent comme de celui de la population algérienne. Il pose aussi la question centrale de l’articulation entre l’histoire de la guerre d’Algérie et les mémoires de ses protagonistes », expliquent les rédacteurs du site pédagogique Zéro de conduite.

 La Trahison de Philippe Faucon, sortie française le 25 janvier 2006.

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