Le Collectif Lyannaj kont pwofitasyon est à l’origine d’un vaste mouvement de protestation contre la vie chère qui paralyse l’archipel depuis le mardi 20 janvier. Ce dernier a établi une plate-forme de revendications en 120 points. Lundi, une deuxième rencontre avec les élus, le patronat et les représentants de l’Etat devait plancher sur une « méthode de négociations ».
Routes bloquées, eau et électricité coupées, écoles, entreprises et grands commerces fermés… Une grève générale, initiée par le Collectif Lyannaj kont pwofitasyon (Collectif contre l’exploitation outrancière), pour protester « contre la vie chère », paralyse l’archipel de la Guadeloupe depuis le mardi 20 janvier. Le Collectif, autour duquel une cinquantaine d’organisations syndicales et politiques se sont fédérées, devait prendre part à une rencontre lundi, au Complexe World Trade Center de Jarry, avec les élus, les chefs d’entreprises et les représentants de l’Etat pour discuter d’une «méthode de négociations», rapporte RFO. Les grévistes exigent que les discussions se fassent en un «seul lieu», avec «l’Etat, les collectivités territoriales majeures et le patronat», rapporte Le Monde.
« Relèvement immédiat et conséquent d’au moins 200 euros des bas salaires »
Au sixième jour de la grève, samedi 24 janvier, des représentants du mouvement avaient présenté une plate-forme de revendications en 120 points, lors d’une première rencontre réunissant les maires, les parlementaires, les collectivités locales et régionales, et les socioprofessionnels. Entre autres doléances, le Lyannaj kont pwofitasyon réclame « un relèvement immédiat et conséquent d’au moins 200 euros des bas salaires, des retraites et des minima sociaux », la baisse des taxes sur les produits de première nécessité, les transports et les produits locaux, une « baisse immédiate de 50 centimes du prix des carburants», un «plan quinquennal pour résorber l’habitat insalubre », l’« embauche obligatoire de Guadeloupéens dans toutes les entreprises qui bénéficient de l’aide publique», le «gel des loyers pour une période indéterminée et pour l’année 2009 l’annulation de l’augmentation de 2,28%».
« La Guadeloupe est à nous, elle n’est pas à eux »
La réunion de samedi, restée sans résultat concret (également tenue au CWTC), était précédée d’une manifestation d’envergure, à la faveur de laquelle des milliers de personnes (8000 selon la préfecture, 10000 selon des journalistes présentes sur place) ont parcouru les rue de Point-à-Pitre, au son de tambours, en scandant des slogans aux relents parfois indépendantistes : «La Guadeloupe est à nous, elle n’est pas à eux».
Le débrayage généralisé a été accompagné de scènes de violences ces derniers jours. Souvent l’œuvre de bandes de jeunes, rapporte encore RFO. Celles-ci ont connu leur point d’orgue avec l’incendie de la Maison de la Citoyenneté de la commune du Petit-Canal, dans la nuit de vendredi à samedi. Malgré la forte mobilisation, la population sur l’archipel semble partagée sur les revendications formulées par le collectif, lequel réunit un nombre important d’organisations nationalistes, à leur tête le syndicat majoritaire UGTG (Union générale des travailleurs guadeloupéen. «Avec toutes leurs revendications, commente Rudia, une internaute guadeloupéenne sur Rue 89, ce n’est pas une grève qu’il faudrait, mais une révolution». Christophe emboite le pas à cette dernière, déplorant des revendications «complètement fantaisistes et irréalisables». Monique, une métropolitaine installée en Guadeloupe depuis 12 ans, fait de son côté part de sa «fierté» de voir des «hommes debout» face à des «politiques pourris», estimant que « même maladroit ou radical, ce mouvement reste juste».
115 stations service fermées, 4000 croisiéristes déroutés
Aux dernières nouvelles, presque tous les secteurs restaient paralysés par la grève. La distribution de l’eau et de l’électricité (2000 abonnés en sont privés chaque deux heures) est toujours fortement perturbée, une centaine de stations service (dont les gérants protestent contre l’implantation de nouvelles compagnies de distribution de carburants) reste fermée, malgré les réquisitions effectuées par le préfet. Les grands commerces, les écoles, les administrations, tous bloqués. Côté tourisme, 4000 croisiéristes on été déroutés depuis le début du mouvement, provoquant une perte sèche évaluée à 250 000 euros.
Alors que la situation se dégrade chaque jour un peu plus dans l’archipel, le mutisme du très interventionniste président Sarkozy laisse perplexe. « Aurait-il le même silence si la Lozère était paralysée ?», s’interroge Monique.
Consulter la plateforme de revendications de Lyannaj kont pwofitasyon.