La grippe aviaire se propage dans trois pays d’Afrique


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Un élevage de poulets
L'élevage de poulets rural chez les villageois

De nouveaux foyers de grippe aviaire ont été découverts dans trois des huit pays africains concernés par la maladie : le Nigeria, le Soudan et l’Egypte. Lors de la quatrième conférence internationale sur le virus mortel, qui s’achève ce vendredi au Mali, il est question de trouver des solutions pour endiguer l’évolution de cette épidémie. Elle pourrait menacer la population mondiale.

La grippe aviaire est moins médiatisée, mais elle est toujours d’actualité. Le virus H5N1 sévit toujours, notamment en Afrique. « Des huit pays (africains) infectés depuis le début de la crise, trois continuent d’enregistrer de nouveaux foyers, à savoir le Nigeria, le Soudan et l’Egypte », a annoncé, mercredi, un représentant de l’Union Africaine (UA) lors de son discours d’ouverture de la quatrième conférence internationale sur la grippe aviaire, qui s’achève ce vendredi à Bamako (Mali). Inquiet, Modibo Traoré, également directeur du Bureau interafricain pour les ressources animales de l’UA, a ajouté : « Au rythme de progression actuelle des foyers, aucun pays africain n’est à l’abri de la contamination ».

Les premiers foyers de grippe aviaire ont été constatés au Nigeria, en février dernier. La maladie a été signalée tardivement et les mesures adéquates ont été prises tardivement, ce qui a participé à la propagation de la souche hautement pathogène au Niger, au Soudan, en Egypte (où sept personnes ont succombé à la maladie), au Cameroun, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et à Djibouti. A chaque fois, il a fallu mettre en quarantaine les zones infectées et détruire les volailles infectées, si possible dans les 72h faciliter le contrôle du virus. Au final, l’épizootie a provoqué « la mort et la destruction de 15 millions de volailles », selon Modibo Traoré.

Ne pas tuer plus de 5% des volailles dans les pays pauvres

La grippe aviaire représente donc une catastrophe alimentaire pour un continent qui souffre de malnutrition chronique et dont la principale source d’apport protéinique financièrement accessible reste précisément la volaille. Par ailleurs, cet élevage a fortement été privilégié dans les pays en développement. D’où l’urgence d’endiguer la maladie. Il faut favoriser la transparence et le partage des informations, s’assurer que les mesures d’hygiène sont respectées, contrôler les mouvements des animaux et leur passage dans leur circuit de production et commercialisation…

Un véritable défi pour l’Afrique. Ses structures sanitaires et vétérinaires ne sont pas suffisamment au point pour gérer une telle crise. Pour maîtriser l’avancée de la grippe aviaire, le rapport d’un économiste de la Banque Mondiale spécialisé en agriculture, préconise, pour les pays pauvres, de ne pas éliminer plus de 5% des volailles du pays et de vacciner les autres. L’objectif étant de préserver au minimum cette source alimentaire. Le document de Christopher Delgado souligne aussi qu’une autre est d’indemniser les éleveurs qui doivent détruire leurs volailles.

L’indemnisation avait déjà été mise en avant mais ne marchait pas parce que l’argent était détourné, il mettait trop de temps à arriver ou n’arrivait pas du tout. Du coup, les éleveurs préféraient les tuer et les vendre pour rentrer dans leurs frais. Une attitude de survie qui a participé à l’extension des zones atteintes.

Un milliard de dollars pour aider l’Afrique

Pour soutenir l’Afrique dans le « challenge grippe aviaire », un appel aux dons d’un milliard de dollars (environ 751 millions d’euros) devrait être lancé pendant la conférence. Une manne qui ne sera pas de trop pour soulager les pays du continent, qui sont sur le front du sida et du paludisme. Toutefois, l’argent des donneurs n’arrive pas toujours en un temps record. Or, si les gouvernements mettent, dans la possibilité de leurs moyens, de la bonne volonté dans le combat et que les bailleurs de fonds s’engagent dans les faits, les résultats peuvent se révéler prometteurs.

« A titre d’exemple, au Vietnam, la stratégie intégrée (surveillance et contrôle, renforcement de l’efficacité des laboratoires, vaccination, abattage) a permis d’éviter une situation désastreuse. Cela n’aurait pas été possible sans le ferme soutien du gouvernement vietnamien et sans l’apport des bailleurs de fonds », a expliqué Alexander Müller, Sous-Directeur général du Fonds des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), lors de la conférence de Bamako. La FAO ajoute qu’il ne faut pas relâcher les efforts de prévention qui ont permis à la maladie de rester hors des frontières des pays d’Amérique latine et des Caraïbes.

Un vaccin pour les humains « d’ici un an »

L’enjeu est de taille mondiale. « Tout échec par un pays quelconque d’endiguer la maladie se traduirait par la réapparition de l’infection dans plusieurs autres pays. (…) Un maillon faible entraînerait un effet domino qui torpillerait tous les acquis. L’heure n’est pas à la complaisance », a expliqué Alexander Müller, de la FAO. Le risque de contamination de l’homme par l’homme serait alors accru, et menacerait alors les humains d’une grave pandémie.

Les scientifiques semblent toutefois parés à cette éventualité. Marie-Paule Kieny, directrice du département de recherches vaccinales à l’Organisation mondiale de la santé, a indiqué, mercredi, que « nous pouvons nous attendre à ce que, d’ici un an, des vaccins contre la souche H5N1 soient commercialisés pour l’usage humain ». Si une épidémie se déclarait avant cette échéance, Marie-Paule Kieny a expliqué que la procédure d’homologation serait accélérée.

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