Au Nigeria, les principaux syndicats, le Nigerian Labour Congress (NLC) et le Trade Union Congress (TUC), ont décidé de suspendre leur grève illimitée pour une semaine. Cette décision vise à permettre la poursuite des négociations avec le gouvernement concernant la révision du salaire minimum.
Depuis des mois, les négociations étaient au point mort, avec les syndicats exigeant une augmentation du salaire minimum, actuellement proposé à 37 € par mois par le gouvernement, à plus de 300 €.
Impact de la grève sur les infrastructures nationales et la vie quotidienne
La grève a paralysé le pays en coupant le réseau électrique et en perturbant le trafic aérien. Des dizaines de millions de Nigérians se sont retrouvés sans électricité, plongeant le pays dans l’obscurité. Les opérateurs de la Transmission Company of Nigeria (TCN) ont été agressés et expulsés de leurs salles de contrôle par les grévistes, exacerbant la crise énergétique. Le transport aérien a été sévèrement affecté, laissant des passagers bloqués dans les principaux aéroports de Lagos et Abuja. De plus, le secteur de la santé a subi de graves perturbations, les hôpitaux étant incapables de faire fonctionner leurs équipements en raison de la coupure de courant.
Raisons de la suspension : pression et dialogue pour une issue favorable
Joe Ajaero, président du NLC, a déclaré que la suspension de la grève était une démonstration de bonne foi pour permettre au gouvernement de répondre aux revendications. Cette trêve d’une semaine est perçue comme une opportunité pour le gouvernement et les syndicats de trouver un compromis et d’éviter une paralysie prolongée du pays.
Mesures d’urgence du gouvernement pour assurer la continuité
Le gouvernement, sous la direction du président Bola Tinubu, depuis le 29 mai 2023 a mis en place des mesures d’urgence pour assurer la continuité des activités essentielles. Gbenga Komolafe, directeur de la Commission nigériane de réglementation du pétrole, a affirmé que des mesures étaient en place pour garantir que la production de pétrole ne soit pas interrompue, malgré les menaces de grève des syndicats du secteur pétrolier.
Réactions mixtes du public
La grève a suscité des réactions mitigées de la part des Nigérians. Certains soutiennent les revendications des syndicats, arguant que le salaire minimum actuel est insoutenable. « Je soutiens l’action de grève du NLC. Un salaire minimum de 30 000 ou 60 000 nairas dans le Nigeria de 2024 est insoutenable et inacceptable », a écrit l’avocat Festus Ogun sur X. D’autres estiment que les actions des syndicats pénalisent les citoyens ordinaires et perturbent les services essentiels. « Le NLC devrait s’abstenir de prendre des mesures qui punissent le citoyen lambda – le Nigérian moyen. L’électricité, les routes, les aéroports et d’autres infrastructures critiques devraient continuer à fonctionner normalement », a argumenté le consultant en gestion Dipo Awojide.
Un contexte économique difficile
Le Nigeria fait face à de nombreux défis économiques, notamment la dévaluation de sa monnaie, une crise du coût de la vie avec des prix en forte hausse pour les denrées alimentaires, les transports et les soins de santé, ainsi qu’une inflation atteignant 33,69 %, la plus élevée depuis près de trois décennies. Ces conditions économiques difficiles ont intensifié les revendications des syndicats pour une augmentation significative du salaire minimum.
La suspension de la grève au Nigeria offre un répit temporaire, mais les défis restent nombreux. Les prochains jours seront déterminants pour l’avenir des négociations et la stabilité sociale du Nigeria.