Plusieurs dizaine de millions de Nigérians auraient suivi le mot d’ordre de grève lancé par le principal syndicat du pays, la NLC (Congrès National du Travail) de l’opposant historique Adams Oshiomhole. Cette grève générale chez le premier producteur africain s’ajoute au passage du Cyclone Yvan qui a perturbé la production dans le Golfe du Mexique pour entraîner une hausse mondiale du prix du pétrole.
Ce lundi Lagos semble calme. Peu de magasins sont ouverts et les transports en commun se font rares. C’est la conséquence du mot d’ordre de grève générale de quatre jours lancé par la NLC, première centrale syndicale du Nigeria, pour protester contre l’augmentation brutale du prix du carburant (+25%). Cette interruption volontaire de l’activité serait par ailleurs renforcée par la présence de nombreux syndicalistes bloquant les principaux axes de transport afin d’empêcher les volontaires de se rendre malgré tout à leur travail.
Cette hausse du prix des carburants est la conséquence d’une dérégulation du secteur qui avait pour objectif louable de lutter contre la corruption. Mais si l’augmentation mondiale du prix du baril permet au gouvernement d’augmenter fortement ses recettes, elle se traduit aussi par un renchérissement de la vie pour les Nigérians, et en raison de l’absence de redistribution par l’Etat des revenus pétroliers, par une augmentation de la pauvreté. Le Nigeria est le premier producteur africain de brut et il assure environ 3% de la production mondiale.
Une situation explosive
Adams Oshiomhole, le leader de la NLC a pu reprendre la tête de son mouvement. Il avait été arrêté samedi par les Services de Sécurité de l’Etat puis relâché dimanche soir. Cette arrestation, présentée comme un malentendu par la Police a exacerbé les tensions, rendant le climat explosif.
Les marchés pétroliers réagissent nerveusement à cette grève qui fait suite à une série de mauvaises nouvelle. Il y a quelques semaines le passage du cyclone Yvan a ralenti la production du Golfe de Guinée, les réserves américaines sont au plus bas et la situation en Irak ne s’arrange guère. Autant de raisons de s’alarmer, sans compter que les spéculateurs, qui jouent sur la hausse du baril, accentuent encore la tendance. Conséquence : le baril de brut est à plus de 53 $. Pour autant, la situation actuelle du Nigeria n’a encore guère de conséquence sur l’approvisionnement mondial, mais les marchés s’inquiètent surtout d’une prolongation et d’un durcissement du mouvement si aucun accord n’est trouvé entre la NLC et le gouvernement du Président Obasanjo.