Les partisans de l’opposant Andry Rajoelina et son rival le président Marc Ravalomanana devraient s’asseoir à la table des négociations ce jeudi 12 mars. L’armée malgache vient de leur imposer un ultimatum de 72 heures pour trouver un solution à la crise politique que connaît le pays depuis le 26 janvier. Faute de quoi, la Grande Muette n’hésitera pas à s’emparer du pouvoir. De quoi inciter les deux ennemis à revenir à de meilleurs sentiments.
72 heures pour sauver Madagascar. L’armée malgache s’est invitée ce mardi dans la crise politique que traverse le pays depuis le 26 janvier. Le chef d’état-major de l’armée, le général de brigade Edmond Rasolofomahandry, a fixé un ultimatum de « 72 heures » à « toutes les forces politiques » pour trouver une issue à la crise dans une allocution à la télévision nationale. Sans quoi, les forces armées devront prendre leurs « responsabilités pour faire fonctionner les affaires nationales », prévient-il. Des assises nationales pour trouver une issue à la crise doivent se tenir du jeudi 12 au samedi 14 mars à Antananarivo, sous la houlette du Conseil chrétien des églises à Madagascar (FFKM) et des Nations unies. Pour que les négociations se déroulent dans de bonnes conditions, les médiateurs invitent les parties en conflit à observer une trêve. Les représentants du président Ravalomanana et son rival Andry Rajoelina, mais aussi ceux de la police, de l’armée et du secteur économique, devraient participer à ces assises.
Mutinerie dans un camp de l’armée
Le conflit ouvert entre Andry Rajoelina et le président Ravalomanana n’a pas épargné l’institution militaire malgache. Le ministre de la Défense, le vice-amiral Mamy Ranaivoniarivo, a annoncé à la presse ce mardi sa démission. Elle intervient alors que le camp du Corps d’administration des personnels et pervices de l’Armée de Terre (CAPSAT), le plus stratégique de l’armée malgache, est en proie à une mutinerie depuis dimanche. Selon l’AFP, les militaires frondeurs reprochent au président « les violences perpétrées sur la population » et le « recrutement de milices et de mercenaires étrangers ».
Réfugié à l’ambassade de France à Madagascar, depuis vendredi, le chef de l’opposition malgache Andry Rajoelina a quitté les lieux ce mardi, selon le ministère français des Affaires étrangères. La protection accordée par la France à Andry Rajoelina avait suscité la colère des partisans du président Marc Ravalomanana. Des centaines d’entre eux se sont rassemblés devant l’ambassade française plus tôt dans la journée, en brandissant des banderoles et en scandant : « Nations unies/France : livrez-nous TGV ». Andry Rajoelina, surnommé TGV, avait trouvé refuge à l’ambassade de France « à la demande de la communauté internationale et du médiateur de l’ONU, et en accord avec le président (Marc Ravalomanana, ndlr)», a précisé une source diplomatique citée par l’AFP. Placé sous la protection de l’ONU, l’opposant malgache devait être transféré à l’évêché d’Antananarivo.
« Mort ou vif »
Andry Rajoelina, destitué de son poste de maire d’Antanarivo début février, vivait caché depuis jeudi soir. Selon les agences de presse, l’opposant malgache aurait échappé à une tentative d’arrestation ce jour-là. L’intéressé, lui-même, estime qu’il a été victime d’une tentative d’assassinat commanditée par son rival Marc Ravalomanana. Dans un entretien au journal réunionais Clicanoo, paru mardi, il affirme : « Marc Ravalomanana veut m’éliminer physiquement. Nous avons des preuves que des mercenaires sont arrivés dans le pays. Leur mission est de m’arrêter mort ou vif. » Le président s’est pourtant publiquement engagé à garantir la sécurité et la liberté de son ennemi. Il a « promis qu’il garantissait la sécurité de M. Andry Rajoelina et de ses collaborateurs », a rapporté, dans un communiqué, Tiébile Dramé, représentant de l’ONU dans la médiation malgache.
Madagascar est en proie à une crise politique grave, jalonnée de violences qui ont coûté la vie à plus d’une centaine de personnes depuis janvier. Le conflit ouvert entre l’ancien maire d’Antananarivo et le président Ravalomanana, accusé de dérive dictatoriale et de vouloir faire main basse sur les richesses du pays, est à l’origine de cette situation. L’armée, qui vient de menacer de prendre les commandes du pays si un scénario de sortie de crise n’est pas trouvé sous 72 heures, semble décidée à siffler la fin de la partie.