Selon les opposants au régime de Robert Mugabe, le président utiliserait le racisme envers les fermiers blancs afin de faire pression sur Londres.
Deux mois après le référendum constitutionnel perdu par Robert Mugabe, et qui prévoyait l’expropriation sans indemnités des fermiers blancs du Zimbabwe, le président aborde des élections législatives très risquées pour son parti, le Zanu – PF au pouvoir depuis la fin de la Rhodésie en 1980. Mugabe a déjà perdu le référendum constitutionnel qu’il avait organisé en février dernier.
Le libérateur historique du pays, aux abois sur le plan électoral face à la poussée du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), tente de ressouder la communauté nationale autour d’un combat désormais dépassé contre les « non-Noirs ». Par une surenchère démagogique permanente, Mugabe est parvenu à exploiter la frustration de la population rurale, confrontée à une situation économique dramatique. Désignés comme boucs émissaires, les propriétaires blancs d’exploitations agricoles subissent la violence de milices d’anciens combattants, qui les expulsent souvent violemment de leurs fermes.
Passeport anglais
Cependant, le Zanu – PF du président ne réussit pas à inverser la tendance électorale dans les villes. Le discours en faveur d’une alternance démocratique de Morgan Tsvangirai, ancien syndicaliste et leader du MDC, y est très bien perçu, notamment dans la capitale Harare. Lors d’une réunion électorale tenue lundi à Norton, près d’Harare, Tsvangirai a appelé à la constitution d’un Zimbabwe renonçant aux divisions : « Les Blancs sont nos cousins », a-t-il notamment déclaré.
Le MDC condamne les occupations de fermes, interprétées comme une menace de Mugabe envers le Royaume-Uni – beaucoup de fermiers ont également la nationalité britannique. Selon Tsvangirai, Mugabe craint le gel de ses nombreux comptes bancaires londoniens et utilise les occupations pour faire pression sur la Grande-Bretagne.