
Dans une opération baptisée « Insula », la Garde civile espagnole a arrêté 23 membres d’une organisation criminelle dirigée par le narcotrafiquant surnommé « El Tarta », figure notoire du trafic de drogue marocain.
Un réseau sophistiqué opérant via le Guadalquivir
L’organisation démantelée par la police espagnole était spécialisée dans l’importation à grande échelle de haschisch depuis le Maroc, utilisant le fleuve Guadalquivir comme principale voie d’entrée. Selon les autorités, le réseau employait des embarcations rapides équipées de puissants moteurs de 300 chevaux pour acheminer la marchandise illicite.
L’enquête, débutée en avril 2024, a révélé que l’organisation volait des véhicules haut de gamme qu’elle modifiait ensuite pour transporter la drogue depuis la ville de Lebrija jusqu’aux abords du fleuve. Les autorités ont également découvert plusieurs caches servant à stocker temporairement la drogue et le carburant nécessaire aux « narco-bateaux ».
Une organisation hiérarchisée
Le bilan de l’opération est impressionnant : 452 kilos de haschisch saisis, 22 406 litres d’essence confisqués et deux véhicules volés récupérés. Les forces de l’ordre ont également mis la main sur trois embarcations, plus de 54 840 euros en espèces et un arsenal technologique comprenant des dispositifs de géolocalisation, des caméras de sécurité, des téléphones satellites et des GPS nautiques.
D’après la Garde civile, l’organisation présentait une structure parfaitement hiérarchisée, chaque membre occupant un rôle précis. Les perquisitions ont été menées principalement dans les provinces de Séville et de Cadix, avec une concentration particulière sur la ville de Lebrija, considérée comme la base opérationnelle du réseau.
Le Maroc, principal exportateur de haschisch vers l’Europe
Cette opération s’inscrit dans un contexte plus large de lutte contre le trafic de cannabis en provenance du Maroc, premier producteur mondial de haschisch et source principale d’approvisionnement pour le marché européen. Selon l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), le Maroc reste le plus grand producteur et exportateur de résine de cannabis au monde, avec une production estimée à plus de 700 tonnes par an.
Le détroit de Gibraltar, qui sépare le Maroc de l’Espagne sur seulement 14 kilomètres, constitue la porte d’entrée privilégiée de cette drogue vers l’Europe. Les narcotrafiquants exploitent aussi de plus en plus les voies fluviales comme le Guadalquivir pour éviter les contrôles renforcés en mer.
Un trafic en constante évolution
Les méthodes de trafic se sont considérablement sophistiquées ces dernières années. Les organisations criminelles investissent dans des équipements de pointe : bateaux semi-rigides ultra-rapides capables d’atteindre 100 km/h, systèmes de communication cryptés, et réseaux logistiques complexes.
Les autorités espagnoles estiment que près de 80% du haschisch consommé en Europe transite par l’Espagne, générant des profits annuels estimés à plusieurs milliards d’euros pour les réseaux criminels. Ces derniers n’hésitent pas à diversifier leurs activités, associant souvent le trafic de cannabis à celui de la cocaïne et des êtres humains.
L’arrestation d’El Tarta et le démantèlement de son réseau représentent une victoire significative mais temporaire dans cette lutte sans fin contre le narcotrafic entre le Maroc et l’Europe.