L’inscription du costume féminin de cérémonie de l’Est algérien sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité marque une étape importante dans la valorisation des traditions artisanales du pays. Lors de la 19ᵉ session de l’UNESCO à Asunción, la Gandoura et la Melehfa, symboles d’élégance et de transmission culturelle, ont rejoint les éléments patrimoniaux mondiaux, mettant en lumière un savoir-faire exceptionnel.
La Gandoura et la Melehfa, ornées de motifs délicats et de broderies exquises, sont bien plus que des vêtements : elles incarnent l’identité et la mémoire collective des communautés de l’Est algérien. Portées lors des mariages, des fêtes religieuses et des cérémonies nationales, ces tenues renforcent les liens sociaux, cultivent un sentiment de solidarité et célèbrent la beauté du patrimoine artisanal.
Dans les ateliers familiaux et les maisons d’artisanat, le savoir-faire nécessaire à la confection de ces costumes se transmet de génération en génération. Techniques telles que le M’jeboud, le Fetla, le Kantil ou encore le Tell, accompagnées de l’ornementation avec des bijoux traditionnels comme le Khelkhal ou le Khit Errouh, témoignent de l’excellence des artisans algériens.
Diversité régionale et richesse des traditions
La Gandoura et la Melehfa présentent des variations stylistiques distinctes selon les régions de l’Est algérien. À Constantine, les broderies tendent vers des motifs géométriques complexes, tandis qu’à Annaba, on privilégie des motifs floraux. Ces différences subtiles racontent l’histoire et l’identité propre à chaque ville et région.
La confection de ces costumes requiert des matériaux soigneusement sélectionnés : velours, soie naturelle, fils d’or et d’argent (appelés ‘medjboud’). Le choix des tissus et des ornements reflète non seulement le statut social mais aussi l’occasion pour laquelle le vêtement est porté. Les couleurs utilisées ne sont pas choisies au hasard : le blanc symbolise la pureté, le rouge la joie et la prospérité, l’or la richesse et la noblesse, créant ainsi un langage visuel sophistiqué.
Un engagement collectif pour une reconnaissance mondiale
Ce nouvel ajout à la Liste de l’UNESCO est le fruit d’un effort collectif piloté par le Ministère de la Culture et des Arts, avec l’appui du Ministère des Affaires étrangères et de la société civile. Artisans, chercheurs, universitaires et citoyens ont travaillé main dans la main pour élaborer un dossier mettant en lumière l’importance de préserver et de promouvoir ces trésors culturels.
Cette inscription vient s’ajouter à une liste prestigieuse de sept éléments exclusivement algériens, tels que les Ahellil du Gourara ou le Raï, et à des inscriptions partagées, comme les savoir-faire liés au couscous ou à la calligraphie arabe.
Un héritage vivant, une vision pour l’avenir
La Gandoura et la Melehfa ne sont pas figées dans le passé. Elles évoluent au fil des générations grâce à l’innovation et à la créativité des artisans. Ce patrimoine vivant illustre la capacité de l’Algérie à conjuguer traditions ancestrales et modernité.
Plusieurs centres de formation et écoles d’artisanat à travers l’Est algérien proposent désormais des programmes spécialisés dans la confection et la broderie traditionnelles, assurant la pérennité de ces techniques ancestrales tout en les adaptant aux exigences contemporaines.
Impact économique et perspectives d’avenir
L’artisanat lié à la Gandoura et la Melehfa représente un secteur économique important, faisant vivre de nombreuses familles. Cette reconnaissance UNESCO devrait renforcer le potentiel touristique et commercial de ces créations, tout en encourageant les jeunes générations à perpétuer ces savoir-faire.
Le pays ne compte pas s’arrêter là : d’autres dossiers seront préparés pour faire briller davantage le riche héritage algérien sur la scène internationale. En célébrant la Gandoura et la Melehfa, l’Algérie affirme non seulement sa fierté culturelle, mais aussi son rôle actif dans la préservation et la valorisation du patrimoine mondial. Une victoire pour l’artisanat, l’identité et la mémoire collective qui traverse les générations.