La pièce de théâtre « La Fuite », mise en scène par le Franco-congolais Driss Homet, âgé tout juste de 27 ans, n’a laissé aucun spectateur indifférent. Tirée du roman éponyme, la pièce raconte à travers le regard d’un petit garçon de dix ans, l’histoire d’une famille fuyant la guerre civile de 1997 au Congo, qui a ravagé le pays. A travers cette œuvre, Driss Homet nous plonge ainsi dans son propre vécu lors de cet évènement qui a changé à tout jamais son existence.
« Une pépite », « Douceur tendresse mais aussi beaucoup d’interrogations, bravo », « Je reviendrai », « Un grand bravo aux comédiens ». Voilà les différents commentaires que livre le public à la sortie de la pièce de théâtre, La Fuite, qui ne laisse visiblement personne indifférent tant la représentation suscite l’émotion.
Mise en scène par Driss Homet, tout juste âgé de 27 ans, La Fuite raconte l’exode d’une famille après la guerre civile du Congo qui a éclaté en 1997. Et le jeune homme a su s’entourer de comédiens hors pair comme David Baiot, un des personnages clés de la série Plus belle la vie, diffusée sur France3. Ou encore du chanteur Jessy Matador, qui a aussi composé la bande musicale du projet.
Toute l’originalité de la pièce résulte du fait que l’histoire est relatée à travers le regard d’un enfant de dix ans, qui n’est autre que Driss Homet, puisque la pièce est adaptée du Roman éponyme La Fuite, que le jeune homme a écrit alors qu’il n’avait que 24 ans. Le jeune auteur a su raconter, avec justesse, cette histoire qui était depuis trop longtemps enfouie au fond de lui. Sans sombrer dans le pathos, ou le larmoyant, il nous incite au contraire à nous interroger sur les conséquences terribles que la guerre peut avoir sur nos vies. Une guerre qui peut aussi créer des séparations douloureuses comme celle qu’il a vécue avec son papa. Alors que toute sa famille a réussi à s’enfuir vers le Gabon, avant de se rendre en France, son père est contraint de rester au pays. Driss étant né sur le sol français (ce qui permettait d’avoir la nationalité française à l’époque) et sa maman ayant les papiers en règle, sont eux autorisés à s’y rendre. C’est alors la déchirure. Le grand choc. La famille éclate. Le petit homme est contraint de vivre et grandir sans son père. Tous ces souvenirs douloureux, causés par la guerre, poussent Driss à écrire, comme s’il s’agissait d’une thérapie et comme si les mots l’aidaient à cicatriser ses blessures.
« L’enfant que je suis voit alors les gens fuir de toute part, c’était douloureux »
« La pièce commence au moment où j’ai neuf ans. Il faut dire que le conflit commence très vite. Tout à coup, alors qu’on vivait paisiblement, des obus et des balles nous réveillent dans la nuit. J’avais peur », raconte le jeune auteur. « L’enfant que je suis voit alors les gens fuir de toute part. Je comprends alors que l’on soit issu d’un milieu plus ou moins aisé, ou dans les sphères étatiques, tout le monde est au même niveau face à la guerre », se remémore-t-il. Mais le plus « douloureux est lorsqu’on traverse le Gabon pour nous rendre en France, la séparation avec mon père est brutal. Lorsque la guerre se termine, je n’avais aucune nouvelle de lui. C’était vraiment une situation difficile ».
Driss a réussi son pari même si monter une telle pièce à tout juste 27 ans était loin d’être une mince affaire, admet-il, surtout quand on sait à quel point le milieu du théâtre est fermé en France. « J’ai dû prendre la casquette du metteur en scène, recruter des comédiens. Faire beaucoup de choses seul ». Il a fallu batailler avant que la pièce fasse entendre parler d’elle et que l’accueil positif du public fasse écho. De fil en aiguille, le jeune homme est très vite contacté de toute part, par notamment France Culture, qui pourrait s’engager à produire la pièce, mais aussi le théâtre Reine Blanche, qui a accepté de s’associer au projet. Il y aura même une représentation de la pièce à la prison, où se trouve madame Sauvage, dont l’histoire a ému la France, et à qui François Hollande a accordé la grâce présidentielle.
Driss Homet ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Le jeune homme fourmille de projets et prévoit même de créer une série télé, actuellement en cours d’écriture…
Une séquence de La Fuite
La Fuite en musique par Jessy Matador
Pour plus d’informations sur la pièce et les dates de représentations :
http://soukissa-theatre.com/