La Guinée est réintégrée dans l’Organisation internationale de la Francophonie après trois ans de suspension, suite à des efforts pour rétablir l’ordre constitutionnel.
Après trois ans de suspension à la suite du coup d’État militaire qui a renversé l’ancien président Alpha Condé, la Guinée fait son retour au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Alors que le processus de transition guinéen continue de soulever des interrogations, l’OIF a décidé de lever cette suspension, permettant ainsi à la Guinée de participer au prochain sommet prévu en octobre. Que cache cette réintégration ? Quels sont les enjeux pour le pays et pour la Francophonie ?
Une suspension motivée par une rupture démocratique
En 2021, l’OIF avait pris la décision de suspendre la Guinée, en réponse au coup d’État mené par le général Mamadi Doumbouya qui avait mis fin au régime d’Alpha Condé. Ce coup de force représentait une rupture flagrante avec l’ordre constitutionnel, poussant l’OIF à agir pour préserver ses principes fondateurs, qui incluent la promotion de la démocratie et des droits de l’homme. Depuis, la situation en Guinée a évolué, bien que des zones d’ombre persistent quant à la réelle volonté du régime de restaurer pleinement les droits et libertés.
Le 24 septembre 2024, l’OIF a annoncé la levée de la suspension de la Guinée. Cette décision, bien que surprenante pour certains, est perçue comme un geste de solidarité envers un pays membre en pleine transition. Dans son communiqué, l’OIF a souligné les efforts fournis par Conakry pour sortir de la crise politique et retourner à un ordre constitutionnel. Toutefois, elle insiste sur la nécessité de poursuivre ces efforts, en particulier sur les questions de droits humains et de libertés individuelles.
Des experts au cœur du processus de transition
Un des éléments clés ayant contribué à la décision de l’OIF réside dans l’implication des experts internationaux dans le processus de transition guinéen. Depuis plusieurs mois, ces experts travaillent aux côtés des autorités locales sur des thématiques cruciales telles que la mise à jour du fichier électoral et l’organisation des futures élections. Leur présence a été déterminante pour prouver la volonté de la Guinée de s’ouvrir à un accompagnement international, renforçant ainsi la confiance entre l’OIF et Conakry.
Malgré ce climat de coopération, des doutes persistent quant aux intentions réelles du régime en place. En effet, des voix s’élèvent au sein de la junte pour soutenir une éventuelle candidature du général Mamadi Doumbouya à la prochaine élection présidentielle. Une possibilité qui entre en contradiction directe avec la charte de la transition établie après le coup d’État, laquelle interdit aux membres de la junte de se présenter aux élections nationales et locales. Cependant, un changement constitutionnel pourrait ouvrir la voie à cette candidature, soulevant de nouvelles inquiétudes sur l’avenir démocratique de la Guinée.
Des relations complexes avec les autres États suspendus
Si la Guinée a vu sa suspension levée, d’autres États francophones, notamment le Mali, le Burkina Faso et le Niger, restent exclus des instances de l’OIF suite aux récents coups d’État survenus dans ces pays. Les relations entre la France et ces États étant particulièrement tendues, il est peu probable qu’ils bénéficient du même traitement que la Guinée dans un futur proche. Toutefois, l’OIF a rappelé que son mécanisme d’évaluation est ouvert à tous les États suspendus, à condition qu’ils montrent des signes clairs de progrès dans leur transition vers la démocratie.