La Francophonie prend un tour politique


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D’année en année, la Francophonie accomplit sa mue, et prend un nouveau visage : en 2006 à Bucarest, l’organisation internationale acquiert une forte dimension politique, et choisit de peser sur les grandes questions diplomatiques de l’heure.

Dès l’ouverture du XIème Sommet de la Francophonie, jeudi 28 septembre 2006 à Bucarest, en Roumanie, les polémiques portant sur le refus du Président roumain d’inviter le Président libanais Emile Lahoud ont traduit une évidence : l’Organisation internationale de la Francophonie n’est plus un club de pays-frères attachés à l’emploi de leur langue commune, le français. C’est devenu une enceinte internationale où 63 pays peuvent réfléchir ensemble aux positions qu’ils prennent sur les grands problèmes de l’heure.

Un tournant capital dans l’histoire de la Francophonie

Il s’agit d’un tournant capital dans l’histoire de l’Organisation. Pourtant cette évolution de la fonction des Sommets francophones avait commencé, ironie de l’histoire, il y a 4 ans, à Beyrouth. Que s’était-il passé alors? Le IXème Sommet francophone avait été l’occasion d’une affirmation diplomatique très forte des pays francophones pour soutenir la protection et la promotion de la « diversité culturelle ». Les suites de cette mobilisation sans précédent sont connues : rien moins que l’adoption par l’UNESCO, en 2005, à la quasi-unanimité, de la Convention pour la Diversité Culturelle.

Le Sommet de Ouagadougou, en 2004, a également été essentiel en traçant la voie d’une réorganisation des instances de la Francophonie et d’une simplification de ses structures : désormais, la hiérarchie est claire entre le Secrétariat général de l’Organisation, en charge de la direction politique de l’action engagée, et ce qui était jusque là « l’Agence », chargée de sa mise en oeuvre pratique.

Une « voix francophone unie » s’exprime à Bucarest

Signe des temps : la déclaration finale du Sommet, préparée par le président Abdou Diouf, Secrétaire général de l’Organisation, devrait réserver un sort particulier à la situation que connaissent actuellement certains pays francophones particulièrement meurtris : c’est le cas du Liban, bien sûr, mais aussi de la Côte d’Ivoire, et du Soudan…

Ainsi que l’a solennellement déclaré le Président français Jacques Chirac lors de la première journée du Sommet, les Pays Francophones ne peuvent pas « tolérer qu’au sein de notre famille la discorde propage des incendies« … Le Premier Ministre canadien Stephen Harper était d’ailleurs sur la même ligne : « La Francophonie doit aussi contribuer à réduire les tensions et les conflits qui nous affectent« …

En soulignant la « communauté de valeurs » qui rapprochent tous les hommes qui parlent la même langue et tous les pays qui ont en commun l’usage du français, les chefs d’Etat et de gouvernement francophones présents à Bucarest assument désormais un regard commun et une parole coordonnée sur les enjeux internationaux.

En présence du Président de l’Union Européenne…

Un signe qui ne trompe pas : la présence pour la première fois lors d’un Sommet francophone du Président de la Commission de l’Union européenne, José Manuel Durao Barroso… Auréolé par la bonne nouvelle du feu vert de Bruxelles à l’entrée, le 1er janvier 2007, de la Roumanie et de la Bulgarie dans l’Union européenne.

Gageons que de plus en plus, la « voix francophone » se fera entendre dans les enceintes diplomatiques, multipliant par 63 la force de conviction d’un seul pays. Et l’Afrique sera évidemment au coeur de cette démarche internationale unitaire, conduite par le Secrétaire général Abdou Diouf, ancien Président du Sénégal!

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