Plus de 100 pays célébreront, le 20 mars prochain, la Journée internationale de la Francophonie. A une semaine de l’événement, le Sénagalais Abdou Diouf, secrétaire-général de l’Organisation internationale de la Francophonie, est à Paris pour répondre aux questions des journalistes.
» Le 20 mars, le français sera sur toutes les langues « . Tel est le message du spot publicitaire – réalisé avec le footballeur brésilien Raï – que vous pourrez bientôt voir sur tous les écrans à l’occasion de la prochaine Journée internationale de la Francophonie. L’événement dépassera la sphère des 56 nations membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) pour être célébré dans plus de 100 pays. Abdou Diouf, le nouveau secrétaire général de l’OIF (et ancien président sénégalais), accompagné du ministre français délégué à la coopération et à la Francophonie, Pierre-André Wiltzer, a tenu ce vendredi au Centre d’accueil de la presse étrangère (Cape) à Paris une conférence de presse pour présenter l’esprit de cette grande journée et rappeler la place de l’Organisation sur la scène internationale.
Quel est le thème de la Journée internationale de la Francophonie ?
Abdou Diouf : Elle sera placée sous le thème de » La langue française « . Elle est pour nous une priorité parce qu’elle est le fondement de notre Organisation. Fondement que nous souhaitons consolider et faire rayonner à travers le monde. Pour mieux affirmer notre combat pour la diversité culturelle, l’enseignement et les valeurs de démocratie, de bonne gouvernance, d’Etat de droit et de solidarité. Pour plus de retentissement, j’ai décidé de jumeler la Journée internationale de la Francophonie avec les Etats généraux de l’enseignement du français qui se tiendront à Libreville (au Gabon, du 17 au 20 mars, ndlr).
La Journée internationale de la Francophonie va être fêtée dans plus de 100 pays. Un nombre qui dépasse largement le cadre des 56 pays membres de l’OIF. N’est-ce pas là une tentative de récupération par la France pour contrer l’hégémonie anglophone ?
Abdou Diouf : Nous n’essayons pas de faire du volume. L’OIF comprend 56 pays. C’est seulement la Journée internationale de la Francophonie qui sera célébrée dans plus de 100 pays. Nous recevons beaucoup de demandes d’adhésion de la part des pays, mais nous ne sommes pas laxistes et nous n’acceptons pas un nouveau membre à n’importe quel prix. Les demandes sont examinées et doivent répondre à certains critères notamment en matière d’enseignement du français dans le pays ou de présence du français dans les médias. Et puis je vous rappelle que ce n’est pas la France qui a poussé à une Francophonie institutionnelle. Ce sont des personnes comme mon illustre prédécesseur Léopold Sedar Senghor (le premier président du Sénégal) ou des personnes comme Habid Bourguiba (premier président de la Tunisie).
La Francophonie a une grande importance culturelle mais qu’en est-il de la Francophonie des affaires ?
Abdou Diouf : Francophonie rime avec solidarité, démocratie et développement. Qui dit solidarité dit développement. Le Nouveau partenariat pour l’Afrique, le Nepad, présenté par les chefs d’Etat africains, a été accepté par les pays du G8 (le groupe des 8 pays les plus industrialisés, ndlr) grâce au rôle majeur joué par la France et le Canada, deux pays membres de l’OIF. Il faut également rappeler que le 10ème Sommet de la Francophonie qui se tiendra à Ouagadougou en 2004 (Burkina Faso, ndlr) se fera sous le thème du développement durable.
Quel rôle politique peut avoir la Francophonie ?
Abdou Diouf : Si on prend l’exemple de la Côte d’Ivoire, on constate que la Francophonie s’est impliquée dès le début dans la crise. Elle a eu un rôle de facilitateur dans le cadre du Comité de suivi. Elle est en rapport avec tous les protagonistes du conflit. Elle a joué un rôle dans la délégation de pouvoirs que le président Laurent Gbagbo a accordé à Seydou Diarra. Il n’était pas évident d’y arriver aussi vite. D’une manière générale, la Francophonie entend jouer un rôle d’alerte face à des situations critiques. Elle doit rester aux aguets et s’ériger en conciliateur pour désamorcer des crises et, lorsqu’il est trop tard, s’impliquer dans la gestion du conflit.
Quelle est l’importance des Technologies de l’information dans la Francophonie ?
Abdou Diouf : Nous travaillons évidement à réduire la fracture numérique entre le Nord et le Sud. Comme dirait mon successeur, Abdoulaye Wade, je milite pour une » Solidarité numérique « .
Consulter le programme
La Journée internationale de la Francophonie en Afrique.