Le président tunisien Moncef Marzouki est arrivé ce mardi en France pour une visite officielle de trois jours. Il est reçu par son homologue français François Hollande et s’exprimera demain devant l’Assemblée nationale.
La France déroule le tapis rouge au président tunisien après plusieurs mois de froid entre les deux États. Moncef Marzouki est reçu pour un entretien à l’Élysée par son homologue français François Hollande, puis à dîner. Il sera de même le premier haut responsable étranger à s’exprimer devant l’Assemblée nationale depuis José Manuel Barroso en janvier 2006. Au cours de cette visite officielle, le chef d’État est accompagné de ses ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur, et rencontrera également le Premier ministre Jean-Marc Ayrault ou encore le maire de Paris, Bertrand Delanoë. Son séjour devrait s’achever à Marseille ce jeudi. Cette venue de M. Marzouki à Paris fait suite à celle du Premier ministre tunisien, l’islamiste Hamadi Jebali, fin juin. La Tunisie a d’ailleurs nommé le 5 juillet dernier, un nouvel ambassadeur en France, un poste vacant depuis mars 2011.
Le départ de Nicolas Sarkozy semble ainsi avoir favorisé une reprise des relations entre Paris et Tunis, malgré les tentatives de rachat de ce dernier en fin de mandat. François Hollande depuis son élection, tend la main aux peuples arabes et prend de la distance par rapport au bilan de son prédécesseur. Le temps des malentendus pourrait se dissiper. D’autant plus que le parti majoritaire Ennahda, qui a réélu ce lundi Rached Ghannouchi à sa tête, a adopté une ligne dite « modérée ».
Une page difficile à tourner pour les Tunisiens
« Les Tunisiens ont quand même peu apprécié l’attitude d’anciens gouvernements français qui avaient tout de même apporté un certain soutien à la dictature », expliquait récemment M. Marzouki dans un entretien accordé à l’AFP. Les Tunisiens, n’ont donc pas oublié que la France a été un soutien de l’ancien président tunisien Ben Ali, renversé en janvier 2011. De plus, tout le monde se souvient de la virée tunisienne de Michèle Alliot-Marie, ministre des Affaires étrangères de l’époque, et sa proposition d’assistance sécuritaire à l’ex-régime. Voir la vidéo ci-dessous :
ALLIOT-MARIE propose d’aider la Tunisie dans la… par SuperBeurkMan
Le président tunisien, opposant historique au régime de Ben Ali, souhaite toutefois une relation particulière -mais d’égal à égal- avec la France, où il a passé une bonne partie de sa vie. Tout comme les 600 000 Tunisiens qui vivent actuellement dans le pays. De surcroît, le parti de gauche Ettakatol, membre de la coalition et également de l’Internationale socialiste, favorise une réconciliation avec Paris. Les responsables d’Ennahda quant à eux, conservent une certaine distance, sans pour autant se montrer rétifs à la visite de Moncef Marzouki.
La victoire de François Hollande a en effet été saluée en Tunisie et laisse présager un renouveau dans les relations franco-tunisiennes. « Les gens qui sont actuellement au gouvernement nous comprennent un peu mieux », a d’ailleurs confirmé le président tunisien. Le nouveau pouvoir français compte bien profiter de cette image pour redorer le blason français, dans un pays ami qui ne compte pas moins de 1200 entreprises françaises. Ce qui fait de l’Hexagone, en plus d’être un ami historique, le premier partenaire commercial de Tunis.
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