Au sommet de Yaoundé, Paris va présenter les nouvelles lignes de sa politique économique en Afrique. La Françafrique est morte jure-t-on. Vive l’Europeafrique ! Mais attention. Paris n’entend pas abandonner son leadership en transférant certaines de ses prérogatives à Bruxelles.
Le Sommet France-Afrique de Yaoundé va consacrer du 18 au 19 janvier, une mutation profonde de la politique française en matière de politique de coopération économique : tel est le message qui sera à coup sûr martelé par les officiels hexagonaux. Le ministre de la Coopération français, Charles Josselin, insiste depuis des longues semaines sur le poids croissant de l’Union Européenne. Manière de dire que la coopération française Nord-Sud, axée pour l’essentiel sur l’Afrique, tendra à s’effacer derrière une politique de développement communautaire au niveau mondial.
Un quart du Fonds européen de développement
C’est vrai : les Quinze ont transféré à Bruxelles, qui finance 55% de l’aide mondiale au développement, des pans entiers de leurs politiques de coopération économique. Et pas des moindres : les connexions commerce-développement, l’intégration régionale, les soutiens aux politiques macro-économiques, les transports et les communications ainsi que la sécurité alimentaire. Le sommet euro-africain du Caire d’avril dernier, les partenariats intégrés entre l’Union et les pays Afrique Caraïbe et Pacifique (ACP) et le projet de zone de libre-échange euro-méditerranéene, attestent de ce virage. Mais ce désengagement annoncé, en regard avec le thème phare de cette rencontre (l’Afrique face à la mondialisation) révèle plus un glissement stratégique que l’abandon d’une chasse gardée.
Il s’agit pour la France de se placer au coeur des futures coopérations entre l’Union et le Continent Noir, sans rien perdre de sa position hégémonique sur ses anciennes colonies. Un aggiornamento résumé dans une récente déclaration de Charles Josselin : » Notre politique africaine est en place. Nous avons abandonné l’interventionnisme pour parier sur l’émergence d’élites africaines et aussi sur l’aide multilatérale. »
La France est le premier donateur d’aide publique au développement en pourcentage, avec 0,39% du PIB. Premier portefeuille, également, du Fonds européen de développement (FED) auquel elle participe à hauteur de 24,3% et deuxième contributeur de l’Agence internationale de développement (AID). Paris cherche donc à harmoniser ces aides multilatérales et bilatérales. Un cas d’urgence quand on sait que les crédits européens ont triplé en dix ans, atteignant les 27,5 milliards de dollars en 1998.