La France est plébiscitée par les prêtres africains. Ils viennent y faire leurs études et parfois, ne veulent plus rentrer chez eux. Pour éviter les problèmes, ils ne restent en France que pour un temps bien défini, suivant les règles fixées par l’Eglise.
En 2000-2001, soixante-trois prêtres africains ont été accueillis en Ile-de-France pour faire leurs études. Un chiffre en légère hausse par rapport à 1996-97 (cinquante-deux), auquel il faut ajouter une quarantaine de prêtres sur le reste du territoire français. De fait, les prêtres africains sont les plus nombreux à venir chaque année goûter à l’enseignement français. Mais la motivation n’est pas uniquement d’ordre intellectuel. En effet, l’Eglise fait observer que les prêtres du Continent noir sont nombreux à faire leurs études en Europe alors que les Instituts africains – pourtant de qualité pour la plupart et facteurs de développement des Eglises locales – sont désertés.
Pour le Père Philippe Simon-Barboux, vicaire épiscopal pour les migrants et les prêtres étudiants étrangers à Paris, les Africains viennent aussi en France pour les conditions de vie qu’offre le pays. » Lorsqu’ils arrivent en France, c’est un véritable choc culturel. Ils se retrouvent face à la double séduction de la société de consommation et de l’argent. » Résultat : certains ne veulent plus repartir dans leur pays d’origine, quitte à se mettre en situation irrégulière.
Missions africaines
A côté de ce problème se pose aussi la question délicate de leur adaptation. » L’homme reste l’homme quelle que soit sa race ou son pays d’origine. Les réactions sont donc très diverses. Certains ont le soucis de s’adapter et le font rapidement, d’autres méprisent la culture du pays dans lequel ils sont accueillis, d’autres encore, comprennent que s’ils doivent rester plusieurs années, ils doivent s’intégrer. Cela diffère « , explique le Père Simon-Barboux. Certains sont aussi déstabilisés par le faible taux de pratique religieuse observé en France et connaissent une difficile insertion dans leurs paroisses d’accueil.
C’est pourquoi l’Eglise reste ferme sur les conditions d’accueil des étudiants étrangers.
Les prêtres africains, comme leurs homologues asiatiques ou latino-américains, sont en France pour une durée limitée. » Leurs études durent en moyenne 3 à 4 ans, sauf pour ceux qui font des doctorats. »
Durant cette période, ils peuvent se consacrer à leur propre communauté en assumant l’aide pastorale auprès des émigrés de leur pays. » Lorsque les émigrés d’un pays ou d’une région sont en nombre important, l’Eglise essaie de leur donner la possibilité de vivre leur foi normalement. Nous leur donnons donc des missions, dirigées par les étudiants originaires des mêmes pays. » On trouve ainsi une mission malgache, cap-verdienne et une mission qui regroupe tous les pays africains.
Exceptions à la règle
Les seules exceptions à la règle sont les prêtres qui ont dû fuir leur pays à cause de persécutions ou de guerres. » Le plus souvent, ces prêtres demandent le statut de réfugiés, en accord ou non avec leur évêque « , note le Père Simon-Barboux. Ces derniers peuvent même être ordonnés en France, comme le Rwandais Modeste Niyibizi, ordonné à Versailles le 9 janvier dernier. » Je ne pense pas que Modeste rentrera un jour dans son pays après ce qu’il a vécu « , souligne le Père.
A part certains cas particuliers, les prêtres africains ne sont donc pas invités à s’engager ad vitam aeternam pour une paroisse française. Car malgré la baisse des ordinations, » la France ne fait pas appel aux clergés étrangers « , insiste le vicaire épiscopal. Ils doivent, après avoir goûté à l’opulence française, revenir dans leur pays natal. Une situation difficile, même pour un prêtre.