Sauvegarder les intérêts supérieurs de la nation… Les ministres français de l’Economie et des Affaires européennes Christine Lagarde et Laurent Wauquiez ont tenté, à Tunis ce mardi, de regagner la confiance des Tunisiens. La France propose une vaste aide financière à leur pays. Michèle Alliot-Marie, la ministre des Affaires étrangères, ne faisait pas partie de la délégation française. Ses liens avec le régime Ben Ali ont jeté le discrédit sur la France. De même que les maladresses de son nouvel ambassadeur, Boris Boillon.
Opération séduction. Les ministres français de l’Economie, Christine Lagarde, et des Affaires européennes, Laurent Wauquiez, ont été accueillis ce mardi au Palais de Carthage par le Premier ministre tunisien Mohamed Ghannouchi. Ils se sont rendus à Tunis pour « renouveler le soutien à la transition démocratique » et appuyer « le peuple tunisien à concrétiser ses aspirations et construire une Tunisie démocratique et prospère ». Laurent Wauquiez a proposé un « plan Marshall » pour la Tunisie. Les responsables français en visite « d’amitié et de travail » tentent de reconquérir la confiance des citoyens tunisiens déçus par la diplomatie française depuis la chute de l’ancien président Zine El-Abidine Ben Ali le 14 janvier. « La confiance entre la Tunisie et la France n’a pas été rompue », rappelle Christine Lagarde dans les colonnes du Figaro. La France a commis depuis le début de la révolte populaire tunisienne une série d’erreurs diplomatiques. En cause, les sorties de la chef de la diplomate française, Michèle Alliot-Marie, grande absente de cette visite.
Une visite diplomatique sans Alliot-Marie
La ministre française des Affaires étrangères, qui est au Brésil, paie les frais de sa gestion contestée des évènements lors de la révolution de Jasmin. De l’offre de «coopération policière» de MAM à ses vacances en Tunisie au début de la révolte tunisienne, elle a été au centre d’une série de polémiques depuis la mi-janvier.
Paris et Tunis entretiennent ainsi depuis la chute de Ben Ali des rapports diplomatiques difficiles. Le 24 janvier, le président Nicolas Sarkosy reconnaissait que la diplomatie française avait « sous-estimé les aspirations du peuple tunisien à la liberté ». Samedi dernier, ce sont les propos jugés « agressifs » conjugués à une attitude « arrogante » et l’« esprit hautain » du nouvel Ambassadeur de France à Tunis, Boris Boillon, qui avaient provoqué le mécontentement de la population tunisienne. Boris Boillon, excédé, avait qualifié de «débiles» les questions d’une journaliste tunisienne. Son prédécesseur, Pierre Ménat, venait pourtant tout juste de faire les frais des méprises de la diplomatie française.
Le «plan Marshall» tunisien : le dernier «élan» français?
La visite «d’amitié et de travail» des deux ministres français sonne comme une nouvelle étape dans les relations diplomatiques entre Paris et Tunis, après le dérapage de Boris Boillon dont le choix visait pourtant à leur faire «prendre un nouvel élan», selon le porte parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valéro. Laurent Wauquiez a lui aussi joué la carte de l’apaisement. «On ne vient pas pour donner des leçons mais pour écouter quels sont leurs besoins», a précisé ce mardi Laurent Wauquiez, qui a évoqué la possibilité d’augmenter des financements européens et estimé nécessaire d’établir «un plan Marshall maintenant pour la Tunisie, européen mais aussi mondial». La France a d’autre part déjà débloqué le 14 février une «aide d’urgence» de 350 000 euros à la Tunisie destinée aux populations les plus vulnérables. Rétablir de bonnes relations avec Tunis est un enjeu capital pour l’Hexagone qui reste, sur le plan commercial, son premier fournisseur.