La France s’engouffre dans le brasier ivoirien


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Drapeau de la Côte d'Ivoire
Drapeau de la Côte d'Ivoire

Renforcement militaire, organisation d’un sommet des chefs d’Etats ouest-africains, rappel soudain de son ambassadeur : le gouvernement français s’est mis en branle mercredi soir. Quittant une position plus neutre, critiqué aussi bien par le gouvernement ivoirien que par les rebelles, Paris s’attire les foudres du MPCI.

Tempête à Matignon. Paris a annoncé, mercredi soir, le renforcement des contingents basés en Côte d’Ivoire par des unités de la Légion étrangère et de l’Infanterie marine sous 72 heures. Les 1 200 soldats déjà présents sur place ne suffiraient plus à assurer la protection des 20 000 ressortissants français et « l’arrêt de la phase de déstabilisation progressive de la Côte d’Ivoire ». Dénonçant des « ingérences extérieures » – et faisant sans doute ainsi allusion aux mercenaires libériens aperçus du côté des forces rebelles dans l’ouest du pays – le gouvernement français a justifié son implication massive dans le conflit.

Parallèlement, le Quai d’Orsay a coordonné une réunion des chefs d’Etat africains à Paris autour de la crise ivoirienne. Le ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, qui revient d’un voyage éclair dans six pays d’Afrique de l’Ouest, a contacté mercredi les dirigeants ivoirien, burkinabé, sénégalais, togolais, malien et gabonais dans cette optique. Dernier geste, l’ambassadeur français à Abidjan, Renaud Vignal, exposé au tir nourri des critiques de la presse ivoirienne depuis le début du conflit, a été brusquement rappelé à Paris. Il doit être remplacé par Gildas Le Lidec, ancien ambassadeur à Kinshasa, plus récemment en charge de l’action humanitaire au ministère des Affaires étrangères.

Fin de la neutralité

La France a donc multiplié les signes de soutien au régime d’Abidjan. Elle quitte une position plus neutre qui lui aliénait les critiques conjointes des rebelles et du gouvernement ivoirien. La protection d’Alassane Ouattara, principal opposant politique du président Laurent Gbagbo, par l’ambassade de France, avait notamment déclenché l’ire d’une partie de la presse et de l’opinion publique. A présent, ce sont les rebelles du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI) qui, plus que jamais, menacent Paris. « Si il [Dominique de Villepin] a choisi son camp, il est souhaitable qu’il n’engage pas son pays dans une guerre qui n’est pas celle des Français car il trouvera devant lui un peuple souverain de Côte d’Ivoire qui n’acceptera pas un autre Rwanda », a lancé le porte-parole des rebelles, Guillaume Soro.

A Lomé, les négociations de paix amorcées le 17 octobre dernier sous la médiation togolaise semblent mener à une impasse. L’ouverture d’un nouveau front dans l’Ouest du pays et l’appel à la mobilisation générale par le gouvernement d’Abidjan laissent penser que la crise se règlera sur le terrain. Les Français paraissent, depuis hier, avoir choisi leur camp.

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