La France a annoncé ce jeudi les réformes de sa politique de défense. La refonte concerne les forces militaires de l’Hexagone mais aussi celles présentes en Afrique. Paris compte notamment réorganiser ses effectifs pour autonomiser les armées africaines et renforcer la coopération dans la lutte contre le terrorisme et les trafics. Elle se réserve cependant « une capacité de prévention et d’action ».
« La France n’a pas vocation à maintenir indéfiniment des forces armées en Afrique », déclarait en février le président français, alors en tournée en Afrique du Sud. « L’Afrique doit prendre en charge ses problèmes de sécurité », avait ajouté Nicolas Sarkozy. Ces propos laissaient présager de la teneur du Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité Nationale de la France, sur la base duquel ont été décidées les restructurations militaires présentées ce jeudi par le Premier ministre.
Le « rôle clé » de la façade occidentale
Si François Fillon a annoncé la fermeture de 83 sites en France dès 2009, il semble qu’en Afrique la présence des 10 000 militaires français – qui coûte « 760 millions d’euros par an » – ne sera pas remise en cause. Certes, Licorne, la mission de l’Hexagone en Côte d’Ivoire, est appelée à disparaître. Mais il n’est question de retirer les autres soldats français stationnés en terre ivoirienne, ainsi qu’à Djibouti, au Sénégal, au Gabon, au Tchad et en Centrafrique, nous explique-t-on au ministère de la Défense.
« La façade occidentale de l’Afrique continuera de jouer un rôle clé dans la sécurité du continent africain et de l’Europe, en raison du potentiel de développement mais aussi des trafics qui transitent par ces routes », justifie le Livre Blanc. Paris souligne d’ailleurs, dans cette optique de lutte contre les trafics, le « rôle indispensable du renseignement pour prévenir et contrecarrer ce type d’actions ».
Recadrage partiel
Quant aux accords de défense et la coopération militaire, dont la réforme concerne aussi les Antilles et la Guyane, la France les « convertira radicalement (…) pour évoluer vers un partenariat entre l’Europe et l’Afrique et une coopération de défense et de sécurité, favorisant la montée en puissance des capacités africaines de maintien de la paix », indique le Livre Blanc. Cette mesure, qui passera par un rapprochement de l’Europe avec les diverses organisations sous-régionales[[L’Union Africaine, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), la Communauté de développement d’Afrique australe (Sadec), la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (Ceeac) et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad) de l’Afrique de l’Est]] est censée aider le Continent à « disposer de ses propres capacités de règlement des différends, de prévention des crimes et de maintien de la paix ».
De là à dire que la France finira par laisser le champ libre aux Africains ? Pas si sûr : « La France conservera une capacité de prévention et d’action sur les façades occidentale et orientale du continent africain, ainsi que dans la bande sahélienne, notamment pour lutter contre les trafics ou les actes de terrorisme ».