La France a annoncé la suspension de son aide au développement et son appui budgétaire au Burkina Faso. Cette annonce a été faite, dimanche soir, par le ministère français des Affaires étrangères. Cette décision intervient alors que la situation autour du Niger est très tendue.
Paris en froid avec Ouagadougou
« La France suspend, jusqu’à nouvel ordre, toutes ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire au Burkina Faso », a annoncé la diplomatie française, dans un communiqué. Une annonce du Quai d’Orsay qui intervient dans un contexte de relations tendues entre Paris et Ouagadougou. En effet, depuis le coup d’État militaire de janvier 2022 au Burkina Faso, Paris est en rogne contre ce changement constitutionnel.
Seulement, le putsch survenu le 26 juillet au Niger est venu en mettre une nouvelle couche à la colère de la France. Ce, en raison du soutien affiché des autorités du Faso aux putschistes. Lequel soutien la junte a apporté au cours de la semaine écoulée. Mieux, les militaires putschistes au Burkina Faso ont mis en garde que toute ingérence étrangère pour rétablir le Président Mohamed Bazoum au pouvoir au Niger serait considérée comme une déclaration de guerre.
La France pour rétablir Bazoum à tout prix ?
Une position burkinabè partagée par le Mali, qui se dit aussi prêt à prendre les armes pour défendre le Niger, en cas d’assaut contre Niamey. Notons que le Mali et le Burkina Faso adoptent une politique commune vis-à-vis de le France : suspension de médias français, dénonciation des accords de défense et expulsion des soldats français sur leur sol. D’ailleurs, c’est en février 2023 que la France a retiré ses soldats qui étaient déployés au Burkina Faso, à la demande des autorités de Ouagadougou.
La plupart de ces éléments français, comme ceux expulsés du Mali, ont alors été envoyés au Niger, théâtre d’un putsch. Seulement, les putschistes n’ont pas tardé à dénoncer les accords de coopération militaire avec la France. Dans ce contexte, il ne fait aucun doute que la présence militaire française au Sahel est plus que jamais menacée. D’autant que l’Hexagone compte près de 2 000 soldats au Niger. Une raison pour que Paris tente le tout pour rétablir Mohamed Bazoum à la Présidence du Niger ?
Qui avec la CEDEAO pour attaquer le Niger ?
Rien n’est moins sûr. En tout cas, ce dimanche, le CNSP (Conseil national pour la sauvegarde de la patrie) a assuré être en possession d’informations concordantes que « les forces d’une puissance étrangère s’apprêtent à agresser le Niger et son peuple en coordination avec la CEDEAO ». Et que deux pays d’Afrique Centrale devraient servir de base pour le « pré-déploiement d’une opération militaire » contre le Niger.
Mettant en garde la CEDEAO contre toute ingérence dans les affaires intérieures du Niger, le CNSP insiste sur les « conséquences désastreuses de cette aventure militaire sur la sécurité de la région ». Non sans prévenir que « les forces armées nigériennes et l’ensemble des forces de défense et de sécurité, forts du soutien indéfectible du peuple, sont prêts pour défendre l’intégrité du Niger ».
Le Sénat nigérien et l’Algérie se démarquent
Des déclarations qui interviennent alors que le délai fixé par la CEDEAO pour une intervention militaire au Niger a expiré, hier dimanche. Samedi, le Sénat du Nigeria a rejeté le recours à la force militaire pour réinstaller le Président Mohamed Bazoum au pouvoir. La chambre a en outre demandé au Président nigérian Bola Tinubu, par ailleurs président en exercice de la CEDEAO, de passer par la diplomatie pour gérer la situation au Niger.
De son côté, l’Algérie s’est désolidarisée de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest. Soulignant « la nécessité de revenir à la légitimité constitutionnelle au Niger », le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a exprimé son « refus total et catégorique d’une intervention militaire » au Niger. Ce pays étant le voisin du sud de l’Algérie.