La France durcit sa politique migratoire envers le Maroc et ménage l’Algérie


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Tebboune, Macron et Mohammed VI
Tebboune, Macron et Mohammed VI

Lors d’une conférence de presse tenue ce jeudi 10 avril, le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau a exposé les grandes lignes de la nouvelle politique migratoire qu’il entend mettre en œuvre. Il a affirmé sa volonté d’engager une politique de « rupture », marquant ainsi une nette inflexion par rapport aux orientations précédentes. Si le ton est durci vis-à-vis du Maroc, Paris affiche un respect notable s’agissant du dossier algérien.

En France, plusieurs réformes sont en préparation, avec certaines mesures déjà annoncées comme imminentes par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Parmi les premières décisions, le ministre a indiqué qu’une circulaire serait prochainement envoyée aux préfets afin de durcir les conditions d’accès à la nationalité française. Il a rappelé que « le droit de séjour » est, selon lui, une faveur accordée à un étranger en situation régulière, et que cette faveur doit être encadrée par des exigences renforcées.

Autre mesure annoncée : le niveau de maîtrise du français exigé pour l’obtention d’un titre de séjour sera rehaussé. Cette disposition, déjà prévue dans la Loi Darmanin, entrera en vigueur au 1er janvier 2026. L’objectif affiché est de renforcer l’intégration par la langue tout en rendant les conditions d’accueil plus sélectives. Quand à la régularisation des personnes en situation irrégulière via l’emploi, le gouvernement prévoit de publier d’ici l’été, ou au plus tard en septembre, une liste actualisée des métiers en tension.

Importance de la coopération avec les pays d’origine

Cette initiative, précisée par François-Noël Buffet, ministre délégué à l’Intérieur, s’inscrit dans le cadre de la dernière loi sur l’immigration. Sur le plan international, Bruno Retailleau a également souligné l’importance de la coopération avec les pays d’origine. Il a annoncé un déplacement imminent au Maroc afin de consolider les avancées, notamment sur la question des laissez-passer consulaires. En ce qui concerne l’Algérie, il s’est montré plus réservé. En effet, le ministre a affirmé qu’aucune amélioration significative n’avait encore été constatée dans les réadmissions de ressortissants expulsés.

Retailleau a aussi présenté des statistiques sur l’évolution de l’immigration. Depuis la diffusion d’une circulaire fin janvier demandant aux préfets de renforcer le contrôle des régularisations, ces dernières ont chuté de 20%. Parallèlement, le nombre d’éloignements forcés a progressé de 9% et celui des éloignements aidés de 15%, sur la période allant d’octobre 2024 à février 2025. À l’échelle européenne, les données publiées par Eurostat indiquent que 431 000 migrants ont été expulsés de l’Union européenne en 2022, dont 31 000 Marocains.

La France responsable de 31% des expulsions européennes

La France a été responsable de 31% de ces expulsions, loin devant l’Allemagne, la Croatie et la Grèce. Les Algériens arrivent en tête des nationalités les plus expulsées, suivis par les Marocains, les Pakistanais et les Albanais. Par ailleurs, Eurostat a souligné une forte hausse du nombre de migrants en situation irrégulière, atteignant 1,1 million en 2022, en augmentation de 65% par rapport à 2021. L’essentiel de ces migrants est originaire de Syrie, d’Afghanistan et du Maroc.

Enfin, 421 000 titres de séjour ont été délivrés en 2022 pour études ou recherches. L’Allemagne, la France et l’Espagne sont les trois principaux pays émetteurs, avec une majorité de bénéficiaires chinois, indiens, américains et marocains. Cette série de mesures et de constats marque un durcissement net de la politique migratoire française, dans un contexte européen également tendu sur ce sujet.

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Je suis passionné de l’actualité autour des pays d’Afrique du Nord ainsi que leurs relations avec des États de l’Union Européenne.
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