Le tribunal de Saint-Denis de la Réunion a prononcé samedi la relaxe de Mohamed Bacar. Une décision qui a provoqué l’indignation du gouvernement comorien et de nouvelles manifestations anti-françaises. Le parquet devrait faire appel de l’annulation des poursuites judiciaires.
Le président déchu de l’île d’Anjouan, aux Comores, a été relaxé samedi par le tribunal de Saint-Denis de la Réunion, pour vice de forme. Mohamed Bacar et 22 de ses hommes qui, fuyant Anjouan, avaient débarqué le 26 mars à Mayotte avant d’être transférés à la Réunion, étaient poursuivis pour entrée illégale sur le territoire français et détention d’armes. La justice a mis en cause la procédure de prolongation de la garde à vue du colonel et de ses hommes, dans la nuit de vendredi à samedi au commissariat de Saint-Denis : « une atteinte aux droits de la défense » selon l’avocate de la défense Me Marie Briot.
Aux Comores, les réactions ne se sont pas fait attendre. Le ministre de la Justice Mourad Said Ibrahim a reproché à la France « de dérouler le tapis rouge pour soustraire Bacar à la justice comorienne » et dénoncé « des actes de nature à humilier le peuple comorien ». Dimanche matin, des manifestants d’origine comorienne ont gagné Saint-Denis pour déposer une motion demandant que le colonel Bacar soit renvoyé et jugé aux Comores. Devant le palais de justice, ils ont accusé la France d’être « complice » de l’ex-président, brandissant un cercueil et des banderoles sur lesquelles était inscrit, entre autres, « Expulsez l’animal ».
Le parquet va faire appel
S’ils ont été relaxés, Mohamed Bacar et ses hommes n’ont pas pu pour autant quitter libres le tribunal correctionnel, puisqu’ils font l’objet « d’un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière avec assignation à résidence (…), en attendant l’examen de leur demande d’asile politique », a expliqué le secrétaire général de la préfecture de la Réunion, Michel Theuil.
Le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer Yves Jégo a quant a lui annoncé, dimanche soir, que le parquet de Saint-Denis de la Réunion allait faire appel de l’annulation des poursuites judiciaires, et que d’autres informations judiciaires concernant les fuyards pourraient être ouvertes.