La France déclare la guerre au Rwanda


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Laurent Serubuga pourra continuer de fouler la terre française contre la volonté de son pays, le Rwanda. La justice française a refusé son extradition. Cet ancien responsable militaire rwandais, interpellé le 11 juillet dernier à Cambrai (dans le nord de la France), fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par le Rwanda, pour son rôle présumé dans le génocide de 1994 ayant entraîné plus de 800 000 morts. Une décision qui en dit long sur les relations tendues entre Kigali et Paris.

Une nouvelle qui va une fois de plus aménuiser les relations entre le Rwanda et la France. L’homme fort du Rwanda, Paul Kagame, qui a auparavant omis d’adopter la langue anglaise au détriment de la langue française, pourrait une fois de plus hausser la voix contre la France. La justice française a rendu un avis défavorable à l’extradition de l’ancien colonel, impliqué sur le génocide de 1994. Une décision qui n’étonne pas l’Etat rwandais qui a l’habitude de souffler le chaud et le froid avec la France. Dans la quête affichée par l’Etat rwandais de rendre justice aux 800 000 victimes du génocide de 1994, ce refus d’extradition et mise en liberté du présumé génocidaire par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Douai (nord de la France) rencontrera certainement le mécontentement du pays de Paul Kagamé.

Le Rwanda déçu mais pas surpris

La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Douai (France) a ordonné, ce jeudi 12 septembre, la remise en liberté de Laurent Serubuga, que le Rwanda souhaite juger pour crimes génocidaires. Arrivé en France en 1998, l’ex-officier fait partie d’un groupe de 11 militaires – les Camarades du 5 juillet 1973 – qui ont aidé le général major Juvénal Habyarimana à s’emparer du pouvoir en 1962, au détriment du Président Grégoire Kayibanda. Ce n’est pas la première fois que la justice française se rétracte sur une décision d’extradition vers le Rwanda. La Cour de cassation française estime que les droits de la défense ne sont pas garantis au Rwanda. Évoquant le fait que le pays soit dirigé par Paul Kagamé, lui-même issu de la rébellion tutsi – principale victime du génocide – pourrait être une entrave à la justice.
Me Gilles Paruelle, l’avocat de l’Etat rwandais a déclaré à l’AFP : qu’il était « déçu mais pas surpris, car il y a un certain nombre de décisions qui allaient déjà dans ce sens ». Quant à l’avocat de Seruguba, Me Thierry Massis, il a affirmé que la demande d’extradition est « infondée et arbitraire ». Justifiant sur le fait que son client était à « la retraite » lors des massacres et qu’il n’y a « aucune preuve » contre lui. Ce que nie l’Etat rwandais et le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), qui informent que Laurent Serubuga avait « repris du service » en 1994, année du génocide.

De toutes les enquêtes (une vingtaine en tout) liées au génocide rwandais ouvertes au TGI de Paris, seule celle condamnant Pascal Simibikanga a pour l’heure était fixée. Il doit comparaître en février et mars 2014. Cette position de la France n’est en effet pas surprenante. En ce sens que la diplomatie française condamne avec la dernière énergie, la situation conflictuelle qu’entretient en permanence le Rwanda avec son voisin, la RDC, notamment en entretenant la rébellion de la Nord Kivu et en fournissant armes, munitions et renseignement aux rebelles du M23. Ce qui contribue à déstabiliser la zone. Sauf que le Rwanda, comme s’il ironisait la communauté internationale qui a pourtant des preuves, continue de nier les faits. En refusant d’extrader le colonel, la France, a, comme qui dirait, déclaré la guerre au Rwanda.

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