Un livre. Six procès. François Xavier Verschave, l’auteur de Noir silence, a déjà débouté en première instance les plaignants Idriss Deby, Omar Bongo et Denis Sassou Nguesso. Mais la partie se joue en plusieurs manches. Interview de l’homme qui s’est attiré les foudres des plus hauts dirigeants africains.
Idriss Deby, » assassin invétéré « , soutenu par la France. Omar Bongo, » l’auteur des circuits de dilapidation des ressources du Gabon « , dictateur, soutenu par la France. Denis Sassou Nguesso, » pas plus défendable, ni fréquentable que Milosevic « , génocidaire, soutenu par la France. Noir silence, pavé de 600 pages publié aux éditions Arènes, explique pourquoi. François-Xavier Verschave est parti en quête de preuves, a traqué le moindre témoignage pour condamner les arrangements secrets et les contrats léonins qui lient la France et l’Afrique. Aujourd’hui, c’est lui qui prend place dans le box des accusés. Six procédures pour diffamation sont engagées contre son livre. Interview de l’homme à abattre.
Afrik.com : Les plaintes de Denis Sassou Nguesso, Idriss Deby et Omar Bongo pour » offense au chef de l’Etat « , n’ont pas abouti. De quoi êtes-vous donc accusé aujourd’hui ?
F-X. Verschave : Déboutés, les chefs d’Etat ont fait appel. Et leurs sbires attaquent maintenant Noir silence. Norbert Dabira, chef des cobras -les milices de Denis Sassou Nguesso- et Gabriel Obra Apounou, ministre et cousin du president congolais, viennent de gagner en première instance. Nous faisons appel. Faute de mieux, ils attaquent sur des détails. Ils mettent en cause ce que nous avons révélé au sujet de l’attentat du DC10 affrété par UTA en septembre 1989. S’il ne l’a pas fomenté lui-même, Sassou était au courant de l’attentat. Tous ses proches ont annulé leurs billets pour le vol. 170 personnes y ont trouvé la mort. Nous sommes également attaqués par Pierre Léthier, ex-numéro deux de la DGSE, par Arcadi Gaydamak, l’affairiste russe et par le juge Bidalou.
Afrik.com : Ces procès mettent-ils en cause la véracité des révélations qui figurent dans Noir silence ?
F-X. Verschave : Zola a été condamné, cela ne voulait pas dire qu’il avait tort. Il y a sans doute plus de dix mille faits recensés dans ce livre. Il est évident que certains sont inexacts. Mais il est surtout difficile de fournir des preuves écrites pour chacun d’eux. Ce qui est important, c’est que le tableau que je dresse se rapproche au plus près de la réalité. D’une réalité qui est tenue au secret et qui est intolérable. Tous ces procès sont avant tout politiques. Nous avons en face de nous des milliardaires au passé chargé. Seul Norbert Dabira a gagné son procès, mais il est lui-même accusé de crime contre l’humanité par des citoyens congolais. Ce que nous disons sur l’attentat du DC 10 a déjà été relaté par la presse congolaise. Et à l’époque il n’avait pas porté plainte.
Afrik.com : Pensez-vous que ces procès pourraient entraver la publication de vos ouvrages ou le travail de Survie, votre association ?
F-X. Verschave : Pour le moment, je n’ai été condamné qu’à verser un euro symbolique à monsieur Norbert Dabira. Il n’a eu droit à aucun dommages et intérêts. De plus, Noir silence s’est plutôt bien vendu. 40 000 exemplaires, ce n’est pas mal pour un pavé de 600 pages. Nous ne sommes pas menacés pour le moment. Nous combattrons pour aider les Africains et les Français à s’orienter par rapport à un certain nombre de faits qui sont intolérables.
Voir aussi le site de l’association survie.
Lire aussi les précedentes interviews de françois Xavier Verschave sur afrik.com.
La mafiafrique selon SURVIE.
SURVIE en procès.
Commander le livre Noir Silence . Lire la chronique du livre.
Noir Chirac, le prochain ouvrage de François-Xavier Verschave, paraîtra début mars aux éditions des Arènes.