Jacques Chirac a lancé la Fondation portant son nom lundi, à Paris. La structure de l’ancien chef de l’Etat français, qui œuvre pour le développement durable et le dialogue des cultures, réserve ses premiers projets à l’Afrique. Il sera notamment question de la préservation de la langue des Pygmées du Nord Congo et de l’amélioration de l’accès à l’eau au Sénégal et au Mali.
« Biodiversité et diversité culturelle sont liées ». Par ces seuls mots, Jacques Chirac a justifié les axes de travail de sa Fondation dédiée au développement durable et au dialogue des cultures. « Ma conviction est que chaque peuple a un message singulier à délivrer au monde. Chaque peuple peut enrichir l’humanité en apportant sa part de beauté de création, de vérité », a déclaré l’ancien chef de l’Etat français lors du lancement de la Fondation Chirac lundi, au Musée des arts premiers de Paris.
Jacques Chirac s’exprimait devant un parterre de personnalités françaises – dont le président Nicolas Sarkozy, qui a fait une courte apparition – et étrangères. Parmi elles figurait le Ghanéen Kofi Annan, ex-secrétaire général des Nations Unies et membre du comité d’honneur de la Fondation. Un comité auquel appartiennent aussi l’artiste sénégalais Youssou N’Dour et plusieurs anciens présidents africains : le Mozambicain Joaquim Alberto Chissano, le Sénégalais Abdou Diouf et le Mauritanien Ely Ould Mohamed Vall.
Une radio dédiée aux Pygmées
Jacques Chirac a expliqué que « la Fondation a vocation à intervenir partout dans le monde », mais que « les premiers projets sont en Afrique dans les domaines où il y a urgence ». Appelant l’Unesco à organiser un sommet sur la diversité linguistique, le président de la Fondation Chirac a ajouté qu’il fallait « envisager une solution à la disparition de ce trésor commun qu’est le patrimoine linguistique de l’humanité. Grâce aux nouvelles technologies, les solutions existent ».
Afin de sauvegarder les langues et cultures menacées, la Fondation Chirac, dotée d’un million d’euros, va d’ailleurs financer pendant cinq ans la radio communautaire Biso na Biso que l’organisation non gouvernementale Tropical Forest Trust compte mettre en place. Cette station, la toute première en langue mbendjele, permettra aux Pygmées du Nord Congo de préserver leur culture et de véhiculer des informations sur la gestion de l’exploitation forestière de Pokola, où ils vivent.
« Société mondiale de justice et de paix »
Les autres projets de la Fondation, uniquement financée sur des fonds privés et des contributions étrangères, incluent une aide à la Banque africaine de développement dans ses initiatives de facilitation de l’accès à l’eau au Sénégal et au Mali. En termes de santé, la nouvelle structure prévoit d’aider le laboratoire de contrôle de la qualité des médicaments de Cotonou (Bénin). L’appui d’actions concernant la lutte contre la déforestation et la désertification sont également au programme.
A terme, Jacques Chirac espère que sa Fondation participera à remplir une mission universelle : « Si chacun se mobilise (…) peut-être pourrons nous bâtir tous ensemble, dans le respect de l’identité de chacun et de l’ouverture à l’autre, cette société mondiale de justice et de paix qui doit être notre seul horizon ».