Le gouvernement angolais a démenti vouloir interdire l’islam et démolir les mosquées du pays, après les déclarations de la ministre de la Culture Rosa Cruz da Silva, qui laissait croire à une interdiction de la religion musulmane.
« Les musulmans ne sont pas menacés en Angola ». Telle est la phrase de l’ambassadeur angolais à Washington, qui a tenté de désamorcer la folle rumeur selon laquelle l’Angola comptait interdire l’islam et raser toutes les mosquées du pays. Mardi, c’est un responsable du ministère angolais de la Culture qui a démenti ces affirmations. Ces dernières ont été rapidement relayées dans les médias du monde entier, suite aux déclarations de la ministre de la Culture, Rosa Cruz da Silva, à un journaliste du journal sud-africain Daily Maverick, laissant croire à une interdiction de la religion musulmane et démolition des mosquées en Angola, alors qu’elle évoquait l’interdiction de toutes les sectes du pays.
Face à ce malentendu, les autorités angolaises tentent tout pour éteindre l’incendie. Mais n’empêche cette folle rumeur a eu le temps de faire son chemin et le tour de la planète. Des pays du monde musulman, tels que le Pakistan, l’Arabie Saoudite, ou même l’Inde ont particulièrement été choqués. Au Pakistan, de nombreux manifestants sont descendus dans la rue, pointant du doigt les autorités angolaises. Les internautes se sont enflammés sur les réseaux sociaux. Sur Twitter on pouvait par exemple lire : « l’Angola a détruit toutes les mosquées du pays dans l’indifférence totale ». La nouvelle s’est aussi rapidement propagée sur le site d’International Business Times à New York, qui a titré : L’Angola interdit l’islam et ordonne la destruction des mosquées.
Toutefois, le site sud-africain Daily Maverick, à l’origine de ce quiproquo, a tenté de nuancer ses affirmations : « Il y a effectivement eu des bâtiments détruits – parmi eux, il y avait une mosquée –, parce qu’ils n’avaient pas de permis de construire ». Et deux jours après que la rumeur se soit propagée, le 27 novembre, la journaliste qui a interviewé la ministre angolaise de la Culture, s’est à son tour expliquée sur ce malentendu, admettant avoir mal compris ces déclarations : « Même mes contacts dans les agences de défense pour les droits de l’Homme en Angola étaient confus, m’affirmant que cela pouvait être vrai puisque le gouvernement avait récemment durci le ton face à l’opposition et aux groupes religieux en général ».
La bataille de la légalisation des édifices religieux
Tout a commencé fin octobre lorsque le ministère de la Justice a rejeté les demandes de légalisations de 194 organisations religieuses, églises, sectes et autres congrégations, dont celle de la communauté islamique d’Angola, l’un des groupes musulmans actifs dans le pays. Cette décision contraint les églises à cesser leurs activités et à fermer. Mais en réalité, peu d’entre elles l’ont respecté, la majorité, dont la communauté musulmane, mettant en avant la liberté de religion garantie par la Constitution. Officiellement, 83 églises, toutes chrétiennes, sont reconnues en Angola. Mais le ministère de la Culture estime que près de 1 200 autres organisations religieuses y existent, qu’elles aient fait ou non leur demande de légalisation.
De son côté, le représentant des musulmans en Angola, David Ja, dénonce depuis septembre les fermetures et certaines destructions de mosquées dans l’ensemble du pays, parlant de « persécution politique et d’intolérance religieuse ». Selon l’imam angolais, qui préside la communauté musulmane depuis 2005, « une mosquée a été fermée la semaine dernière à Huambo, dans le sud, et nous avons subi des pressions cette semaine concernant une mosquée de Luanda ». Face à ces accusations, le ministère de la Culture s’est empressé de riposter, arguant que « ces fermetures ou destructions sont légales, car motivées par l’absence de titre de propriété, d’autorisation de construction ou de documents officiels permettant d’ériger un édifice religieux ».
Le représentant de la communauté musulmane en Angola, David Ja, a lui indiqué que les musulmans originaires d’Afrique de l’Ouest ou Angolais convertis seraient plusieurs centaines de milliers en Angola sur une population de quelque 18 millions d’habitants. Un chiffre qui n’a toutefois pas été confirmé par les autorités angolaises.