La folie du Web au Burkina


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L’explosion du nombre de cybercafés au Burkina rend le Web de plus en plus accessible. Internet devient un outil de la vie quotidienne – malgré une connexion qui reste chère, lente, et parfois improbable – et donne lieu à l’émergence d’une net-économie.

A Ouagadougou, il y a un cybercafé tous les 50 mètres. Si l’un s’appelle  » Love-net « , leur enseigne est souvent moins poétique, composée à partir des initiales des noms de leurs propriétaires, comme ENISA pour les établissements Nikiema Sayiba, ou KBC pour Kabré Business Center. D’autres affichent des logos plus prétentieux. Un CSM,  » Centre Multi-services  » est un secrétariat public transformé en cyber grâce à trois ordinateurs en réseau, un modem poussif et une connexion aléatoire. Mais rien n’entame le moral des internautes à Ouaga.

Un clic … Une minute …

Des cybers sans accès Internet fiable n’étonnent personne. Philosophes, les employés vous proposent de repasser dans une heure, toutes les heures. En cause ? L’Onatel, L’Office national des télécommunications, qui ne parvient pas à répondre à une trop forte demande. Une fois connecté, l’internaute doit s’armer de patience : un clic, une minute, une page, un clic, une minute, une page …. Pourtant, les cybercafés ne désemplissent pas, même si les prix, entre 800 et 1 000 F CFA de l’heure en moyenne, et 200 à 350 F CFA l’impression d’une page, restent chers comparés aux 300 F CFA horaires pratiqués dans les pays voisins, comme au Bénin ou au Togo.

Vers le cyber le plus proche

Au Burkina, toute une population se montre avide de nouvelles technologies. Certains clients des cybercafés sont très jeunes, comme ces élèves qui ouvrent leur première boîte mail pour un véritable  » baptême du net « . Leurs aînés, étudiants, enseignants, hommes d’affaires, y ont déjà trouvé leurs marques. Un commerçant avoue dépenser jusqu’à 10 000 F CFA mensuels en connexions, contre une moyenne de 5 000 F CFA pour son voisin, un professeur de physique. S’il existe des cybers à peine ventilés, et d’autres climatisés, plus confortables, les gens se rendent en général à celui qui est le plus proche de chez eux pour vérifier l’arrivée de nouveaux mails. Rares sont ceux qui ont les moyens de recevoir le Web à domicile, l’installation avoisinant plusieurs milliers de F CFA.

Un nouveau métier se crée

Parmi les rolls des cybers de Ouaga, le Reflex propose une connexion rapide grâce à une liaison spécialisée, ce qui reste exceptionnel au Burkina. Seuls les fournisseurs d’accès peuvent se l’offrir et la rentabiliser. Ils sont moins de 10 actuellement. M. Millogo, le directeur, ne craint pas la concurrence. Bien au contraire. Il pense que  » plus il y aura d’internautes, plus ils feront la différence entre les meilleurs services. L’augmentation du nombre de cybers incite le public à utiliser les nouvelles technologies, c’est un moyen de vulgarisation. A terme, il faut que les moyens de communication soient accessibles à tous, que les tarifs baissent, afin que les gens puissent surfer de chez eux. L’Afrique a besoin de ces nouvelles technologies pour mieux communiquer « . Pour accompagner cette évolution, les employeurs auront besoin de jeunes capables d’encadrer les nouveaux internautes. M. Millogo insiste sur cet aspect :  » C’est un nouveau métier qui se crée. De plus en plus, nous devrons embaucher des gens qualifiés, sachant aider les clients dans leurs recherches « .

Une passion contagieuse

A Bobo-Dioulasso, le Cyber-Planète a ouvert l’été dernier. Sur le mur est affichée toute une sélection de sites : pour trouver une école ou une université, des affaires, des amis, envoyer des cartes de voeux . Ezéchiel Ouédraogo, le fils du patron, en est l’animateur principal et sans doute l’un des internautes les plus enthousiastes du Burkina. Formé à Ouagadougou par l’association Yam-Pukri, il semble vouloir à lui seul convaincre tous les Burkinabés de la magie du Web. Plus gestionnaire que passionné, son père s’est laissé entraîner dans cette étrange aventure, peu à peu séduit par le chiffre d’affaires croissant de cette entreprise familiale.

Sites ressources : Yam-pukri ; Burkina-ntic .

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