Des millions de personnes sont menacés par une nouvelle crise alimentaire au Sahel. Après Action contre la faim et le Programme alimentaire mondial, c’est au tour de l’ONG Oxfam de tirer la sonnette d’alarme.
La famine est à quelques pas du Sahel. Les signes de l’émergence d’une nouvelle crise alimentaire sont déjà présents, selon l’ONG Oxfam. « Les pays du Sahel présentent un déficit céréalier de 25% par rapport à la campagne écoulée. Cette forte baisse céréalière risque d’affecter les ménages, surtout, les plus vulnérables en occasionnant la perte en vie humaine dans beaucoup de pays », a prévenu le responsable régional Oxfam.
Les faibles précipitations en cause
Selon Eric Hazard, les principales causes du déclenchement de la crise s’expliquent, entre autres, par « les faibles précipitations et les niveaux d’eau plutôt bas, les récoltes et les fourrages limités, une diminution des transferts d’argent de fonds des migrants et les prix élevés des denrées alimentaires ». Les populations les plus vulnérables se trouvent au Burkina Faso, au Mali, au Tchad, en Mauritanie et au Niger.
Dans certaines régions du Mali « il n’y a pas eu beaucoup de pluie, les pâturages ne sont pas suffisants pour le bétail au niveau des zones qui sont concernées», explique la responsable malienne de l’organisation, Mariétou Diaby. Une situation qui pousse les éleveurs à migrer plus rapidement. « Et donc, les pâturages vont être consommés trop tôt, trop vite. Dans ces conditions-là, la soudure pastorale va s’installer plus tôt, probablement vers le mois de février », conclut-elle.
Le Niger face au retour des soutiens de famille
De son côté, « le Niger a connu cette année une baisse de production de près de 30%, la Mauritanie et le Tchad ont enregistré des déficits de production agricole de plus de 50% comparés à l’année écoulée », a indiqué Mohamed Aly Ag Hamana, d’Oxfam Niger. Selon lui, les populations ont déjà des difficultés à s’alimenter.
« Il y a beaucoup de familles au Niger qui dépendent de leurs ressortissants qui sont en Libye et en Côte d’Ivoire », souligne Mohamed Ali Agamahna. Mais suite aux conflits ivoiriens et libyens, ces proches ont du revenir dans leur pays d’origine. Un double problème pour ces populations qui étaient pris en charge par leurs ressortissants. « Compte tenu des problèmes de conflit que ces pays ont connu, certains de ces immigrés ont été contraints de revenir sans rien », poursuit-il. « Non seulement ils ne sont plus capables de leur envoyer de l’argent mais ils constituent une charge pour eux ».
Des populations qui se remettent encore de la crise de 2010
La région du Sahel a déjà connu une crise alimentaire d’une grande ampleur en 2010. Et selon Mamadou Biteye, directeur Humanitaire d’Oxfam en Afrique de l’ouest, les popualtions qui se remettent encore de la dernière crise « sont extrêmement vulnérables à tout nouveau choc, tels que la hausse des prix alimentaires, les mauvaises récoltes ou la perte de leurs animaux. Ces populations ont besoin d’aide maintenant pour renforcer leur résilience avant l’année prochaine ».
La crise alimentaire peut être contournée si des mesures sont prises dès maintenant, estime Mamadou Biteye. « La situation est préoccupante pour des millions de personnes en Afrique de l’Ouest, mais le pire peut encore être évité. La crise a été identifiée tôt, et nous savons qu’il existe des mesures simples et rentables qui peuvent être prises pour protéger les populations les plus vulnérables. Cette fois-ci, nous pouvons agir avant que l’urgence ne sévisse », affirme-t-il. Une course contre la montre s’est engagée contre la famine, déjà présente aux portes du Sahel.