La douleur magnifique de Buika


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La douleur magnifique de Buika

Concha Buika, née à Palma de Majorque, en Espagne, de parents venus de Guinée Equatoriale, s’est emparée de la langue et des musiques du pays où elle a grandi. Elle offre au flamenco et à la copla, chants pleins de douleur le plus souvent, toute l’émotion et les sentiments d’une femme dont la vie n’a pas toujours été facile.

Car elle a grandi dans les quartiers pauvres de Palma, où vivent les gitans dont elle apprendra le chant, et dans une famille dont le père est absent ; et elle a subi, dans cette ville où vivaient alors peu d’émigrants africains, le racisme de ses camarades d’école… Avec El último trago (Casa Limón’ 2009), Buika nous livre un nouvel album, profond, poignant, où se mêlent de multiples influences.

« Un jour nous avons rêvé de réunir Chucho Valdés, la figure la plus importante du jazz afro-cubain, qui est une idole de notre jeunesse, avec Concha Buika, l’incontestée plus grande voix du jazz afro-flamenco, et le fer de lance de Casa Limon. Nous avons imaginé de baser ce film sur les chansons de Chavela Vargas, qui sont comme un rang de perles que la diva mexicaine a amoureusement glanées, une à une, autour du monde. Nous avons pensé “Et si cette rencontre se passait à La Havane?”. Arrêtez de penser: le rêve est devenu réalité ». Voilà comment Javier Limón, le fondateur du label Casa Limón, qui a révélé Buika, explique la naissance de ce troisième album de l’extraordinaire chanteuse de flamenco, Espagnole originaire de Guinée équatoriale.

Chavela Vargas, née en 1919, est l’une des plus grandes chanteuses du Mexique, connue dans toute l’aire hispanique, et ce disque est sorti pour fêter ses 90 ans. “En el último trago” est l’une des chansons célèbres de la grande artiste mexicaine:

“Nada me han enseñado los años
Siempre caigo en los mismos errores

Otra vez a brindar con extraños
Y a llorar por los mismos dolores…”

“Soledad”, qui ouvre l’album, est un autre titre célèbre de Chavela Vargas (que vous pourrez découvir sur youtube si vous ne la connaissez pas), chanson déchirante comme plus d’une chanson de cet album. Buika, dont la voix semble faite pour chanter la souffrance, souffrance qui est l’âme du chant flamenco, nous offre ici, accompagnée par le piano de Chucho Valdés, un album dont les chansons semblent avoir été écrites pour elle.

Javier Limón avait déjà eu l’idée lumineuse de réunir, dans le magnifique album, Lagrimas negras, le chanteur flamenco Diego el Cigala avec Bebo Valdés, le père de Chucho Valdés. Il poursuit ici cette rencontre naturelle entre Espagne et Cuba, île à la fois noire et hispanique, tout comme Buika… et les Valdés, père et fils….

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