C’est au restaurant Moussa l’Africain à Paris que la diaspora congolaise (RDC) s’est réunie mardi à l’appel du BPK pour exiger la libération de son leader Rex Kazadi. Accusé d’être le cerveau de l’incendie qui s’est déclaré le 7 septembre à l’ambassade de la République Démocratique du Congo à Paris, il a été interpellé le 11 octobre. Ses compatriotes dénoncent une détention arbitraire sans preuves.
Ingeta ! Ingeta ! Ces chants de révolte semblables à des cris de guerre sont scandés par une cinquantaine de Congolais de la diaspora réunis mardi au restaurant Moussa l’Africain pour soutenir leur compatriote Rex Kazadi, en prison. Le jeune homme, porte-parole du mouvement BPK (Ba Patriotes ya Kongo les Patriotes du Congo), créé en avril dernier à Villiers-le-Bel, a été interpellé le 11 octobre avec Patrick Luzayday du mouvement suite à un incendie qui s’est déclaré le 7 septembre à l’ambassade du Congo à Paris. Ce jour-là, plusieurs membres du BPK ont manifesté devant l’ambassade pour dénoncer la mort de trois de leurs compatriotes en République démocratique du Congo, orchestrée selon eux par le pouvoir en place du président Joseph Kabila.
Rex Kazadi, opposant notoire au régime de Kabila
Opposant actif au régime du président Kabila, Rex Kazadi a été rapidement visé par les enquêteurs qui ont découvert sur sa page Facebook un lien Internet vers une vidéo de l’incendie, sur le site YouTube, dont le le titre est « Les combattants ont attaqué l’ambassade du Congo après la mort de trois Congolais. » Le jeune homme est aussi connu pour avoir été le porte-parole des familles lors des émeutes de Villiers-le-Bel en 2007. Il a ensuite été invité à l’émission Face aux Français sur TF1 où le président Sarkozy répondait aux questions des citoyens. Patrick Luzayday et Rex Kazadi ont donc été inculpés pour dégradations de bien publics par incendie et association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes. Alors que le 15 novembre la Cour d’appel de Paris ordonne la décision de remise en liberté de Patrick Luzayday, Rex Kazadi entendu par le juge d’instruction des libertés, le 23 novembre, est toujours maintenue en détention provisoire « pour les besoins de l’enquête ». Il a jusqu’à présent toujours nié les faits.
Qui est derrière cette affaire ?
D’autres membres du BPK placés successivement en détention ont finalement été libérés. Mais alors pourquoi Rex Kazadi est le seul à être maintenu alors que le parquet a indiqué qu’il n’avait pas de preuves suffisantes concernant son implication dans cette affaire ? Cette question a trotté dans l’esprit de ces compatriotes présents au rassemblement de soutien de Rex Kazadi chez Moussa l’Africain. Est-ce le gouvernement français qui serait de mèche avec les autorités congolaises pour le maintenir en prison ? Pour certains membres de la BPK, qui ont été détenus avant d’être libérés, c’est l’Élysée qui serait derrière toute cette affaire.
Une thèse loin d’être soutenue par certains compatriotes qui se demandent pourquoi Patrick Luzayday qui a été libéré n’est pas présent parmi eux ? C’est finalement le porte-parole par intérim de Rex Kazadi qui répond à leurs interrogations. « Si aujourd’hui Rex est toujours en détention c’est parce qu’il a été trahi par Patrick Luzayday ! ». Ce dernier aurait livré des informations à la police sur le compte de son compatriote en échange de sa libération. Dans la salle cette révélation fait l’effet d’une bombe ! « Il a vendu son propre frère ! comment a-t-il pu faire cela ! », clament certains. Contacté par Afrik.com, Patrick Luzayday explique qu’il n’a pas été convié à cette réunion et qu’une enquête étant en cours, il ne peut répondre aujourd’hui à des réactions excessives. Il s’expliquera bientôt, en conférence de presse commune avec Rex Kazadi pour faire taire les interrogations et les inquiétudes. Il fait un appel aux congolais pour qu’ils restent concentrés sur la situation au Congo.
La révolution en marche!
Une ambiance pesante règne au sein du rassemblement avant d’être rompue par le père de Rex Kazadi qui rappelle que toutes ses querelles sont vaines et encourage les jeunes à poursuivre leur combat pour l’établissement de la démocratie dans leur pays d’origine. Il indique que ce n’est pas parce que son fils est en prison qu’il faut « condamner 70 millions de Congolais » qui comptent sur le soutient de la diaspora pour se libérer du régime de Joseph Kabila. Une diaspora plus que jamais prête à se mobiliser contre « l’ennemi invisible » que sont les puissances occidentales qui participent au piétinement des droits de leurs concitoyens restés au Congo. Porté par le BPK, ils ont prévu samedi de manifester à Paris contre la victoire de Joseph Kabila qui, selon eux, ne mérite pas sa place de dirigeant dans leur pays. « La révolution est en marche ! » Et ceux qui veulent se mettre au travers de sa route n’ont qu’à s’écarter ! » Clame Gayler, membre du BPK. Ingeta ! Ingeta ! conclut-il.
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