Le club d’affaires Africagora, rassemblant les entrepreneurs africains en Europe, tient son troisième forum à Paris. La diaspora veut mettre son savoir-faire au profit du Continent, créer des ponts entre les entrepreneurs installés en Europe et les pays africains.
Intégration. La première journée du forum d’Africagora est consacrée au rôle de la diaspora africaine dans l’intégration économique. « Il y a trois ou quatre décennies, quand j’étais étudiant à Paris, le terme de diaspora était péjoratif, avait une connotation d’aventuriers venus vendre leur force de travail. Aujourd’hui, elle représente un gisement de savoir et de savoir-faire et l’Afrique est à la quête de tant de choses ! Il faut que la diaspora s’organise et occupe la place qui lui est due dans son pays d’accueil », s’enthousiasme Moussa Touré, président de la commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
L’Afrique doit compter sur ses enfants
Les statistiques sont éloquentes. « L’Afrique sub-saharienne ne représente que 0,4% des investissements directs et la plupart de ces investissements atterrissent au Nigeria. Il appartient à la diaspora de faire en sorte que les investisseurs retrouvent le chemin du Continent », déclare Moussa Touré.
Briser le discours officiel. « Il y a trop de cadres formés au Sud qui ne trouvent pas de place sur le marché de l’emploi. Il faut permettre aux expatriés – je ne parle pas de migrants, notion confuse – de choisir leur vie. La Suisse propose à ses immigrés une carte de travail qui leur donne la possibilité de travailler en Suisse et de tenter leurs chances dans leurs pays d’origine. Et de revenir ensuite en Suisse en cas d’échec », propose Mireille Raunet, rapporteuse au Conseil économique et social (Paris). Selon elle, sur 100 étudiants étrangers formés en France, 50 rejoignent leur pays, 30 s’installent hors de France et 20 restent sur place.
Visa et cartes de séjour
Les participants au forum soulèvent le problème de délivrance de visas et les tracasseries administratives des entrepreneurs installés en France ou qui veulent y développer leurs activités. « Les conditions de délivrance des visas dans les consulats de France en Afrique se situent en dehors du respect de la dignité humaine. Les Africains sont victimes de mauvais traitements. La France a bien intégré la communauté portugaise et espagnole, pourquoi ne le fait-elle pas avec la communauté africaine ? », s’indigne Nidoro Ndiaye, directrice générale adjointe à l’Organisation internationale des migrations (OIM, Genève).
Pendant deux jours (28 et 29 septembre), la diaspora africaine étudiera les actions à mettre en place pour trouver nouer des partenariats et les opportunités d’investissements en Afrique.