La diaspora africaine en Allemagne s’organise


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« L’Afrique n’a pas besoin des aumônes mais d’une collaboration basée sur le respect réciproque et le droit d’autodétermination des Africains ! » Horst Köhler, l’ex-président allemand qui connait très bien le continent africain est convaincu que l’avenir de l’Afrique a aussi un impact pour l’Europe et surtout pour l’Allemagne. Son discours d’ouverture de la conférence « Engagée et intégrée : La diaspora africaine et la politique communale de développement en Allemagne » qui se tenait le 19 et 20 avril à Ludwigsburg, dans le Bade-Wurtemberg, était loin du paternalisme politique ordinaire. Les deux cents participants, dont la majorité était des immigrés africains, étaient tout à fait d’accord avec Köhler qui a souligné que l’Europe doit réviser sa vision du continent africain : au revoir l’image de la misère, du sida, de la faim et la détresse des Africains, bonjour un continent jeune et dynamique où se trouvent 60 % des réserves mondiales des ressources naturelles, un continent qui est un marché potentiel énorme.

Pour Horst Köhler, l’Afrique devrait devenir un partenaire égal à l’Europe ou l’Allemagne. Par exemple, au lieu de se contenter d’exporter les matières premières, l’Afrique pourrait bel et bien miser sur la transformation et la production des biens. Ce qui sera une chance aussi pour les entreprises allemandes en expansion. Les immigrés allemands de la diaspora africaine pourraient servir comme pont entre l’Allemagne et l’Afrique : « Personne ne connait mieux les deux côtés que les immigrés africains qui ont leurs racines en Afrique ! »

« L’Afrique devrait devenir un partenaire égal à l’Europe ou l’Allemagne »

Reste la question de comment les nombreux obstacles pourrait être déblayés. Le Dr. Pierrette Herzberger-Fofana, Sénégalaise de naissance, une des rares Africaines en Allemagne qui ait un poste politique, déplore le manque d’engagement des Africains dans la politique communale : « Il faut oser ! » Mais ce n’est pas uniquement le manque de courage pour s’engager dans la politique, l’intégration est aussi et surtout une question d’acceptation sur le marché de travail. Jusqu’à présent, les Africains ont du mal à trouver des postes adéquats à leurs diplômes qui, souvent, ne sont pas acceptés en Allemagne. Ceci est un grand problème pour l’Allemagne, un pays qui est à la fois économiquement dynamique mais vieillissant avec un manque de personnel qualifié. Les 486 000 immigrés africains en Allemagne pourraient aussi être une chance pour l’Allemagne.

La Camerounaise Charlotte Njikoufon, fondatrice du Réseau pour la Promotion des Actes Communicatifs (KONE) à Francfort, souhaite envers les Africains de la diaspora une collaboration plus forte et la valorisation des potentielles ainsi que l’écoute et l’encouragement réciproque. Elle, en tant que Camerounaise était émerveillée de la présence dominante des Camerounais et Camerounaises représentés par plusieurs associations engagées dans tous les domaines comme par exemple la migration, les médias, les droits de l’Homme, le social, les sciences et techniques, l’entrepreneuriat et l’ingénierie etc. « Je constate l’individualité dans ces engagements et le manque de l’esprit de réseau, d’échange et de collaboration, la non visibilité des potentialités et le manque de valorisation des différents forces et même de faiblesses. Nous nous reconnaissons comme des personnes engagées pour nos propres intérêts tout en oubliant souvent les intérêts et le bien être des plus faibles. » constate-t-elle. – « Je suis consultante psychosociale des femmes africaines et famille dans une organisation internationale des droits de la femme (FIM). Ici toutes les femmes victimes de violences de la prostitution et mariage forcée et par internet, de leur droit qui luttent pour leur propre survie en Allemagne, qui n’ont pas des titres de séjours, qui sont surmenées à cause de leur lutte quotidienne pour leur intégration dans la société allemande etc. sont souvent sans papiers, emplois, assurance maladie, habitat adéquate, les enfants sont parfois saisis par l’office pour la protection des jeunes pour cause de maltraitance et nécessitent une assistance à long terme, sont reconnaissantes pour toute aide. Et pour cela un travail de réseau est primordial car on ne peut tout résoudre seul sans une collaboration avec d’autres structures de consultation. Chaque consultation à son champ d’actions et la collaboration est possible que grâce à la transparence des structures. La concurrence n’a pas une place vu qu’on est reconnaissant de trouver une structure pouvant contribuer à résoudre les problèmes des femmes africaines dans le domaine de la santé, le travail, les services pour les sans-abris et le repas etc. »

En quatre groupes de travail, les participants de la conférence ont essayé de tracer des priorités et des antériorités des tâches. Un champ de travail important est la formation des immigrés : Les étudiants ont souvent des difficultés de séjours et de travail. Sur l’autre côté, la politique devrait minimiser les obstacles bureaucratiques et faciliter la création des entreprises par des immigrés. Et les nombreuses associations de la diaspora africaine devraient mieux s’organiser. Blaise Mouchi Ahua, linguiste et écrivain ivoirien résidant à Brême, suggère la création d’une associations qui va inclure tous les autres organismes de la diaspora africaine en Allemagne, en vue d’une union de la solidarité afin de faire valoir les compétences et expériences et surtout de faire des productions ensemble pour l’Europe et pour des projets en Afrique : « Ca peut être culturel, artistique, sociologique, économique, scientifique, technologique, puisque il y a des gens qui ont cette formation. Par exemple, la production d’une œuvre en associant les how-know. Plus précisément en littérature: une anthologie chaque année sur un thème donné; en peinture: une peinture sur nous ici; en musique: une œuvre musicale en français, anglais et en allemand; en sociologie: une recherche sur la vie des Africains de la diaspora en Allemagne. Sur le plan économique: une invention afin d’apporter une contribution à un problème précis dans un pays en Afrique, etc. »

Les résultats de la conférence seront publiés dans quelques semaines. Pour Charlotte Njikoufon la tâche de la diaspora africaine en Allemagne est clair : « Tenons-nous par la main et soyons l’exemple pour la Génération future ! »

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