Dans une lettre adressée directement au président Thabo Mbeki, le président de la Chambre de commerce de Johannesburg accuse la Deutsche Bank et la compagnie pétrolière Sasol d’être à l’origine de la chute du Rand. Des accusations qui ébranlent l’univers de la finance.
» Je ne veux pas commenter cette lettre « , a répété Kevin Wakeford, président de la Chambre de commerce de Johannesburg (Sacob). » Dieu seul sait comment elle est arrivée entre les mains du Financial Mail ! » Toujours est-il qu’elle y est arrivée, que le journal sud-africain l’a publiée dans son intégralité, et que tout le pays sait aujourd’hui que Kevin Wakeford accuse la Deutsche Bank et la compagnie pétrolière Sasol de malversations financières à l’origine de la chute brutale du Rand.
Accusation extrêmement lourde, puisqu’elle désigne les responsables de l’une des plus importantes crises financières africaines. Depuis le dernier trimestre 2001, la monnaie sud-africaine a perdu 40% de sa valeur, sans aucune raison apparente. La lettre en question, datée du 8 janvier, était adressée au président Thabo Mbeki en personne. Celui-ci a donc ouvert une commission, dirigée par le procureur général Jonh Myburg, pour enquêter sur l’affaire.
Manipulations financières
Première allégation du président de la Sacob : la filiale anglaise de la Deutsche bank et la compagnie sud-africaine Sasol auraient attaqué le Rand afin de compenser les pertes causées par la chute du baril. Résultat : dopage des exportations. Mais par la suite, la Deutsche Bank, propriétaire d’une partie des actions de la Sasol – pour une valeur de six milliards de rands – aurait pris peur. Voyant la monnaie sud-africaine en perte de vitesse, elle aurait massivement vendu ses actions de la compagnie pétrolière, toutes libellées en rand. Panique boursière. Résultat : le Rand s’effondre. Selon Wakeford, trois majors, Nampak, M-Cell et Billiton, auraient suivi le mouvement, accélérant la chute des cours.
Pour la Deutsche Bank, ces accusations sont largement diffamatoires. La commission d’enquête gouvernementale n’arrive pas, quant à elle, à faire le jour sur cette affaire. Après avoir entendu plusieurs financiers et experts, elle aboutit à des conclusions mitigées. La crise zimbabwéenne, l’impact de la pandémie de sida, le ralentissement de l’économie mondiale ou encore la crise argentine entrent autant dans les causes de la chute du Rand que les manipulations boursières, difficiles à démêler.
Kevin Wakeford doit être entendu par Jonh Myburg le 2 avril. D’ici là, il ne souhaite commenter ses propos. Mais il soutient avoir les preuves de ce qu’il avance.
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A qui profite la chute du Rand ?.