La déroute africaine de Macron, du Mali au Tchad, de l’Algérie au Sénégal, une perte d’influence partout sauf au Maroc


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Le Président français, Emmanuel Macron
Le Président français, Emmanuel Macron

Du Sahel au Maghreb, Emmanuel Macron accompagne une hémorragie diplomatique sans précédent, marquant un tournant décisif dans les relations franco-africaines. Les départs forcés du Mali, du Burkina Faso et du Niger, la rupture avec l’Algérie et la récente perte d’influence au Tchad et au Sénégal laissent la France dans une position de plus en plus marginalisée. Seul le Maroc semble encore jouer le rôle d’allié stratégique, mais à quel prix ?

La perte du Tchad, dernier bastion militaire de la France au Sahel, symbolise l’échec d’une politique sécuritaire désormais rejetée par l’Afrique. Le 28 novembre, N’Djamena a annoncé la fin de l’accord de défense qui liait les deux pays depuis des décennies. Une décision qualifiée de « tournant historique » par Abderaman Koulamallah, ministre tchadien des Affaires étrangères. Cette annonce a suivi de près la visite du ministre français Jean-Noël Barrot, témoignant de l’incapacité de Paris à anticiper ou contrer cette rupture.

Au Burkina Faso, au Mali et au Niger, les départs successifs des troupes françaises, souvent sous la pression de régimes militaires en quête de légitimité nationale, marquent également un rejet croissant de la présence française. Ces décisions, fortement applaudies par des populations locales en quête de souveraineté, sont vues comme la conséquence d’une politique jugée paternaliste et inefficace face à la menace terroriste.

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Le coup de grâce pour la France vient de Dakar. Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a annoncé la fermeture prochaine des bases militaires françaises dans son pays. « La souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases militaires dans un pays souverain », a-t-il déclaré, prônant un partenariat « sans ingérence militaire ». Cette décision est particulièrement symbolique dans un pays historiquement lié à la France, considéré jusqu’ici comme un modèle de stabilité et de coopération.

Le Maghreb, théâtre d’une diplomatie en faillite

Au Maghreb, les tensions avec Alger n’ont jamais été aussi vives. En juillet dernier, l’Algérie a rappelé son ambassadeur à Paris, marquant une rupture diplomatique en réaction au soutien affiché par la France aux thèses marocaines sur le Sahara occidental. Cette position, qui visait à renforcer les relations avec Rabat et a récupérer des contrats commerciaux, a logiquement aliéné Alger.

Tebboune, Macron et Mohammed VI
Tebboune, Macron et Mohammed VI

Dans ce contexte, le Maroc apparaît comme le dernier allié de la France en Afrique. Cependant, ce partenariat a été consolidé au prix de concessions diplomatiques lourdes, notamment la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, une décision perçue comme un désaveu des positions de l’ONU et de nombreux pays africains.

La montée des nouveaux acteurs : Russie et Chine en embuscade

Face au recul de la France, la Chine et la Russie avancent leurs pions avec habileté. Pékin déploie sa stratégie des « nouvelles routes de la soie », offrant des investissements massifs et des partenariats économiques dépourvus de conditionnalités. Moscou, quant à elle, exploite les lacunes de la diplomatie française à travers le groupe Wagner, qui s’installe dans plusieurs pays du Sahel en offrant une alternative sécuritaire perçue comme moins intrusive même si elle est au final incontrôlable.

« Ces nouveaux acteurs proposent une coopération présentée comme plus égalitaire, sans les conditionnalités souvent associées aux partenariats occidentaux », analyse un expert du Centre de recherches internationales (CERI). Ce discours séduit particulièrement des gouvernements et des populations désabusés par des décennies de relations asymétriques avec Paris.

Le rejet de la France ne se limite pas à ses élites dirigeantes. Les mouvements de jeunesse et les sociétés civiles africaines réclament une souveraineté totale sur leurs ressources naturelles et un partenariat basé sur l’égalité. Des slogans tels que « France dégage » illustrent cette fracture profonde avec un pays perçu comme un vestige du passé colonial.

Le défi pour Emmanuel Macron : réinventer la politique africaine de la France

Les experts s’accordent à dire qu’une politique africaine réussie devra désormais reposer sur plusieurs piliers :

  • Un partenariat véritablement égalitaire : La fin du paternalisme perçu dans les accords de coopération.
  • Un soutien à la souveraineté locale : Renforcer les capacités économiques et sécuritaires des États africains sans ingérence.
  • Une diplomatie réactive et respectueuse : Écouter les aspirations des sociétés civiles pour éviter des ruptures brutales.

Le recul de la France en Afrique dépasse le simple cadre régional. Il pose la question de la capacité de Paris à rester un acteur global de premier plan dans un monde où les équilibres de pouvoir se redessinent. Dans un continent courtisé par des puissances émergentes, Emmanuel Macron a régulièrement joué la mauvaise carte. Désormais, le temps presse pour trouver les bonnes solutions.

Masque Africamaat
Kofi Ndale, un nom qui évoque la richesse des traditions africaines. Spécialiste de l'histoire et l'économie de l'Afrique sub-saharienne
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